Contexte historique et perspective d'ensemble dans la controverse sur l'”Holocauste”
Arthur R. Butz est professeur d'informatique à l'Université Northwestern, Evanston (Illinois). Il est le plus prestigieux des révisionnistes du monde entier. Il a publié en 1975 un ouvrage de référence : The Hoax of the 20th Century (La mystification du XXe siècle), qui a connu de nombreux tirages en Grande-Bretagne et aux États-Unis (Institute for Historical Review, 1822 1/2 Newport Blvd., Suite 191, Costa Mesa, Ca. 92627, USA). Cet ouvrage aurait dû, depuis longtemps, connaître une traduction en français mais les révisionnistes n'ont jamais disposé des ressources nécessaires aux frais de traduction et de publication.
On peut, cependant, se faire une idée du travail d'A. R. Butz, de sa capacité d'analyse et de synthèse, en lisant le texte de la communication suivante faite en 1982 lors de la IVème conférence internationale révisionniste de l'Institute for Historical Review. Ce texte magistral a plaisamment reçu, dans les milieux révisionnistes, le nom de «conférence de l'éléphant» ; on se gardera de voir là une allusion à la dimension du texte ; ce nom vient d'une sorte d'apologue, humoristique et plein d'enseignement, que l'auteur insère dans son texte aux pages 110 et 130. Nous laissons au lecteur le soin de découvrir ces deux pages au fil de sa lecture et d'en mesurer ensuite toute la portée.
En vue d'en faciliter la lecture, nous avons disposé tout au long du texte des jalons sous la forme de quelques mots qui, mis bout à bout, permettent de retrouver la trame de la démonstration tout entière.
Ce texte commence par une constatation que Butz reprend de nombreux auteurs juifs : à la fin de la guerre, la communauté juive n'avait pas été engloutie dans la catastrophe ; des juifs étaient morts et d'autres avaient survécu. Certes, pour les historiens traditionnels, cette communauté avait failli disparaître mais, disent-ils, Hitler n'avait pas trouvé le temps d'accomplir son œuvre fatale et, après la guerre, les juifs qui restaient, les survivants, étaient heureusement là, en grand nombre, pour témoigner ; la multitude de ces «témoins vivants de l'Holocauste» était même impressionnante. Les historiens juifs parlent moins d'extermination que de «tentative d'extermination».
Butz ne tire évidemment pas la même conclusion que ces auteurs ou historiens juifs. Il a tendance à voir, dans l'existence des survivants, un élément qui devrait éveiller le soupçon chez ceux qui entendent dire que Hitler aurait recherché, sous le nom de «solution finale de la question juive», une extermination du peuple juif.
Introduction
Quand, au cours d'une discussion sur un sujet quelconque, nous critiquons une personne et disons que «les arbres lui cachent la forêt», nous visons un type de défaut intellectuel bien particulier. Nous ne reprochons pas à cette personne d'être incompétente ou d'avoir sur le sujet des vues erronées ou peu pertinentes. Au contraire, il se peut que ses vues reposent sur des recherches dont la profondeur et la force fassent honneur à tout esprit distingué. Ce que nous voulons dire, c'est que cette personne se concentre sur des détails au point de ne pas voir l'ensemble, plus large, du contexte ; en particulier, si elle adoptait et gardait une perspective plus élevée, elle résoudrait nombre des problèmes qui, à l'origine, avaient suscité chez elle une curiosité d'ordre général pour le sujet.
Il y a trois ans, lors de ma première conférence à l'I.H.R., j'avais explicitement évoqué ce problème. A la page 10 de mon livre, The Hoax of the Twentieth Century [La Mystification du XXe siècle], j'avais formulé une remarque qui, si l'on en mesure tout le sens, aurait rendu superflue une bonne partie de mon étude :
La plus simple des bonnes raisons d'être sceptique au sujet de l'allégation d'une extermination est aussi la raison la plus simple à concevoir : à la fin de la guerre, ils étaient toujours là.
Tout au long de la controverse sur l' «Holocauste», cette idée ne m'a pas quitté. Le fait qu'une telle controverse ait pu se déchaîner sans qu'il soit pratiquement jamais fait état de cette remarque suscite quelques interrogations qu'il est intéressant d'examiner.
Si, d'une part, dans mon livre, je fais cette remarque, ainsi que d'autres remarques historiques générales du même genre, cela prouve que je n'ai pas eu le regard du myope qui ne voit que les arbres et non la forêt, mais, d'autre part, je peux donner l'impression d'être atteint de myopie quand, dans certains passages de mon livre, je m'attache à d'obscurs détails. C'est cette vision à double foyer qui va être l'objet de mon exposé. Je voudrais d'abord développer davantage l'aspect «forêt» du sujet, c'est-à-dire replacer plus fermement et plus résolument le sujet de l' «Holocauste» dans le contexte plus général de l'histoire du XX e siècle ; ensuite, je voudrais montrer qu'une grande partie des recherches qui ont été menées ces dernières années, y compris les miennes bien sûr, présupposaient et cherchaient à satisfaire les exigences d'interlocuteurs affligés de myopie. En partie grâce à une analogie puisée dans l'histoire, je m'efforcerai de montrer que, dans la pratique, cette lourde insistance sur le détail paraît, dans les temps où nous sommes, justifiée et même nécessaire, mais qu'il est important, ne fût-ce que pour éviter de buter sur des points de détail, de garder présent à l'esprit le contexte historique le plus large.
Gitta Sereny
L'article paru dans le New Statesman du 2 novembre 1979 sous la signature de Gitta Sereny nous fournit un bon exemple. G. Sereny a cherché à réfuter mon argumentation en se concentrant uniquement sur un point. Lors de la préparation de son livre Into That Darkness (en français, Au Fond des ténèbres, Denoël, 1975), elle s'était rendue dans une prison allemande pour y interviewer Franz Stangl, l'ancien commandant de Treblinka (un emplacement au centre de la Pologne qui servait de camp de transit pour les déportés juifs de Varsovie). Voici ce qu'elle écrit :
J'ai parlé pendant des semaines avec Stangl dans sa prison. J'ai parlé à des personnes qui ont travaillé sous ses ordres, et à leurs familles. J'ai parlé à des personnes qui, sans être particulièrement impliquées, ont été témoins de ces événements en Pologne. Et j'ai parlé à quelques-uns du tout petit nombre de ceux qui ont survécu.
Butz prétend dans son livre Hoax que ceux (des centaines) qui ont avoué leur participation à l'extermination l'ont fait pour faciliter leur défense de manière à obtenir des peines plus légères. Mais ceux à qui j'ai parlé avaient déjà été jugés. Beaucoup avaient achevé leur peine, et aucun d'entre eux n'avait quoi que ce fût à gagner — si ce n'est de la honte — à me parler ainsi. Stangl lui-même ne désirait qu'une chose : parler, et ensuite mourir. Et Stangl est mort. Mais si […] Butz […] s'intéressait vraiment à la vérité, la femme de Stangl et bien d'autres témoins sont encore là pour témoigner.
Je constate, bien que cela ne soit pas très important, que G. Sereny a mal interprété dans son interview les espoirs qui étaient ceux de Stangl. D'après son propre livre, Into That Darkness, Stangl avait fait appel de sa condamnation à la prison à vie et il était en attente du verdict ; il voulait donc vraisemblablement sortir de prison avant de mourir.
Quiconque connaît tant soit peu les détails de la légende de Treblinka (par exemple le fait que l'on aurait utilisé les gaz d'échappement de chars et de camions pris aux Russes pour «gazer» les gens) se rendrait compte que les remarques de G. Sereny sur ses interviews avec Stangl n'ont rien à voir avec l'histoire. Je crains toutefois que, dans cet exemple typique, ce scepticisme de bon aloi ne s'accompagne, au moment d'offrir une explication aux propos de Sereny, de quelque myopie.
La première manifestation évidente de myopie consisterait à dire ou insinuer que G. Sereny a menti et que Stangl n'a jamais rien dit de tel. On pourrait aussi imaginer que Stangl a été suborné ou torturé pour tenir de tels propos. Mais si l'on tient compte du contexte des propos de Stangl, plutôt que de leur contenu, on s'aperçoit vite de l'ineptie de ce genre de réactions. Stangl était alors un vieil homme. Cela faisait vingt-cinq ans qu'il entendait les récits de ce qui s'était, paraît-il, passé à Treblinka. Bien entendu, il avait d'abord commencé par en rire en son for intérieur. Puis, il s'était habitué à vivre dans une ambiance où de tels récits n'étaient jamais remis en cause publiquement. Il est possible (car c'est ce qui arrive parfois dans ce genre de circonstances) qu'il ait commencé à y croire lui même ou peut-être entretenait-il l'idée que ces récits étaient quasiment une pure invention. Nous ne le saurons probablement jamais, mais ce que nous savons c'est que, lors de son entretien avec la journaliste G. Sereny, l'infortuné vieil homme ne pouvait sûrement pas se tenir le raisonnement que ses affaires iraient en s'arrangeant s'il niait la légende de Treblinka. Je suis, quant à moi, convaincu que Stangl a bien tenu à G. Sereny le genre de propos qu'elle rapporte. Evidemment, il a cherché à se disculper, mais quel avantage aurait-il trouvé à dire à G. Sereny que les «gazages» étaient un mythe ?
C'est la raison pour laquelle j'envoyais au New Statesman une réponse qui ne fut pas publiée, mais que le Journal of Historical Review a reproduite [1] et dans laquelle je disais ceci :
Le point essentiel est qu'il faut présumer que ce genre de déclarations est dicté par un intérêt personnel et non par la vérité historique. Lors d'un «procès» [«trial», qui signifie aussi «essai»], on «juge» [«to try», qui signifie aussi «essayer»] une chose particulière, c'est-à-dire que le tribunal est censé commencer par traiter l'affaire comme une question à débattre.
L'allégation d'une «extermination» n'a jamais été mise en question sur un plan pratique dans aucun des procès qui s'y rapportaient et, dans certains cas, elle n'a jamais été questionnée au sens juridique du terme. La question n'a jamais porté que sur la responsabilité personnelle dans le cadre d'une allégation d'extermination qui, elle, n'était pas mise en question. C'est ainsi que les «confessions» de certains Allemands, qui dans tous les procès ont tenté de nier leur responsabilité personnelle ou de la minimiser, restaient simplement leur seul moyen de défense dans les circonstances où ils se trouvaient.
Ce n'est pas à proprement parler «une négociation à la barre» comme lorsqu'il y a entente entre l'accusation et la défense, mais on n'en est pas loin. Tout ce qui compte, c'est de présenter au tribunal une histoire qu'il puisse accepter. Une fois que le défendeur décide de prendre le «jugement» [ou «essai»] au sérieux, le dilemme logique est inévitable. Ce n'est pas en niant la légende que Stangl pouvait sortir de prison.
De plus, il n'est pas vrai, contrairement à ce que soutient G. Sereny, que ce dilemme logique disparaisse dans le cas d'un accusé condamné à la prison à vie. S'il aspire à la grâce ou à la liberté conditionnelle, il ne va pas chercher à renverser ce qui a été décidé au prétoire ; ce n'est pas ainsi qu'on obtient une grâce ou la liberté conditionnelle. Par exemple, au «procès d'Auschwitz» de 1963-1965 à Francfort, les faits qu'on reprochait à Robert Mulka étaient à ce point monstrueux que maintes personnes estimèrent trop légère sa condamnation à quatorze ans de travaux forcés. Et puis, à la faveur d'un dénouement stupéfiant pour qui n'a pas étudié de près ce sujet, Mulka fut tranquillement relaxé moins de quatre mois plus tard. Or, si, pendant son procès ou après, il avait plaidé — d'ailleurs en toute sincérité — qu'il n'y avait pas eu d'exterminations à Auschwitz et qu'il était bien placé pour le savoir, il aurait accompli, dans le premier cas, une peine de prison à vie et, dans le second cas, la totalité de ses quatorze ans, à supposer qu'il eût vécu assez longtemps pour cela.
On le sait peu, mais il a existé beaucoup d'exemples de ce genre — le sujet est difficile à étudier [2]. Il n'existe pas de cas où un accusé aurait eu avantage, pour sauvegarder son intérêt personnel immédiat, à nier les exterminations. Ce n'était pas la bonne méthode pour sortir de prison.[3]
Si, dans un débat, on accepte pour règle l'attitude purement défensive qui consiste à répondre point par point aux arguments de l'adversaire, je continue à penser que c'est ainsi qu'il fallait répondre à G. Sereny. Je me contentais d'abord de ces lignes mais, au moment même de les écrire, je fus frappé par le caractère insensé du contexte dans lequel nous nous trouvions. Nous étions en 1979, et non en 1942, et G. Sereny était en train de se fonder sur les remarques d'un vieil homme isolé de tout pour expliquer aux lecteurs du New Statesman qu'il fallait croire aux histoires d' «exterminations». J'ai alors complété ma lettre de la façon suivante :
Nous n'avons pas besoin de «confessions» ou de «procès» pour établir qu'ont vraiment eu lieu les bombardements de Dresde et d'Hiroshima , ou les représailles de Lidice qui ont suivi l'assassinat de Heydrich. Or, la légende de l'extermination ne fait pas seulement état de quelques cas d'homicides ; elle affirme l'existence d'événements de la dimension d'un continent au point de vue de la géographie, d'une durée de trois ans au point de vue du temps, et de plusieurs millions au point de vue du nombre des victimes. Quelle absurdité, par conséquent, de la part des tenants de la légende, que de vouloir «prouver» des événements d'une telle ampleur en s'appuyant sur des «confessions» obtenues au milieu de l'hystérie, de la censure, de l'intimidation, de la persécution et de l'illégalité flagrante qui entourent ce sujet depuis trente-cinq ans.
En d'autres termes, dans son article de 1979, G. Sereny, pour affirmer la réalité des événements colossaux que l'on sait, tirait argument de ce qu'un vieil homme venait de lui dire dans sa prison. Autant attribuer aux Tziganes l'incendie de New York en 1950 en se fondant sur les aveux de Tziganes qui habitaient la ville à l'époque. Naturellement, G. Sereny pourrait rétorquer que je n'ai relevé qu'une seule de ses observations comme s'il s'agissait de sa seule argumentation. Mais, même si je reconnais qu'elle a infiniment plus à dire sur le sujet, ma remarque de fond reste valable. G. Sereny prenait plusieurs colonnes d'un grand journal pour exposer des arguments qui, en 1979, étaient sans aucune proportion avec son allégation. Si les juifs d'Europe avaient réellement été exterminés, on n'aurait pas proposé de tels arguments.
Quand je vis Robert Faurisson en 1980, il me félicita d'avoir fait remarquer qu'on n'a pas besoin de «procès» pour croire à des événements historiques vrais (Hiroshima, Lidice, etc.) et il me dit qu'il regrettait de n'y avoir pas pensé lui-même. Je savais ce qu'il ressentait car, à peu près à l'époque de l'article de G. Sereny, un homme qui m'était alors inconnu m'avait appelé et m'avait posé une question à laquelle j'avais bien regretté de n'avoir pas pensé moi-même. La question était la suivante : pourquoi les organisations juives situées hors de la sphère de l'Axe et qui avaient tant à dire sur l' «extermination» et sur le «meurtre» [des juifs], n'avaient-elles pas cherché à prévenir les juifs placés sous la coupe de Hitler de ce qui se cachait derrière les prétendus programmes allemands de déplacement de populations ? Dans tous les récits, on nous raconte que les juifs faisaient leurs bagages pour partir en déportation et entraient plus tard dans les camps sans imaginer qu'on allait les tuer. Cet aspect de la légende est évidemment nécessaire, car on sait bien qu'il y eut très peu de résistance violente aux déportations (j'ai fait allusion à cette question à la page 109 de mon livre, The Hoax, mais nulle part je n'ai suffisamment insisté).
La leçon plus générale à tirer de ces deux incidents fera l'objet du présent exposé. On voit que dans ces deux incidents il y a eu un moment de myopie, non pas simplement de la part des tenants de la légende mais — ce qui importe plus — de la part des révisionnistes, qui se préoccupaient tellement des arbres qu'il a fallu l'intervention du hasard pour leur ouvrir les yeux sur des aspects importants de la forêt. Il ne s'agit pas d'un défaut propre aux individus. Cela résulte des circonstances historiques dans lesquelles nous nous trouvons. Je vais essayer de décrire ces circonstances et de montrer comment nous devrions nous y prendre aujourd'hui. Je le ferai, d'une part, en présentant mon idée quant au point de vue probable de la postérité sur ces sujets et, d'autre part, en avançant plusieurs suggestions sur la conduite à tenir en fait dans la controverse.
La Donation de Constantin
La «Donation de Constantin» est le faux le plus célèbre de l'histoire européenne. Il fit son apparition aux alentours de l'an 800. Il s'agissait d'un document qu'on disait écrit «des mains» [sic] de l'empereur Constantin Ier (288 – 337) et qui racontait la légende, tenace mais fausse, de la conversion de Constantin et de son baptême par le pape Silvestre Ier . Le trait principal de ce document tient à ce qu'il octroyait au pape l'autorité temporelle sur «la cité de Rome et toutes les provinces, places et états d'Italie, ainsi que sur les régions occidentales». Il stipulait aussi que le pape «exercerait sa suprématie également sur les principaux lieux [saints], Alexandrie, Antioche, Jérusalem et Constantinople» et il octroyait encore un certain nombre d'avantages divers. Pour qu'il fût clair que cette Donation constituait une garantie, le document renfermait en plus une déclaration de Constantin par laquelle ce dernier manifestait son intention de transférer sa propre capitale dans « la province de Byzance [où] une ville sera construite à notre nom … car là où le primat des prêtres et le chef de la religion chrétienne est placé au pouvoir par l'Empereur céleste, un empereur terrestre ne saurait exercer son autorité».
Ce qui est ici du plus haut intérêt, c'est que l'authenticité du document ne fut guère contestée avant le XVe siècle en dépit des faits suivants :
- d'après les légendes et les histoires qu'on pouvait trouver en abondance pendant tout le Moyen Age et d'après le document lui-même, la ville que Constantin fonda sur l'ancien site de Byzance, plus tard appelée «Constantinople», n'avait pas encore été fondée et encore moins transformée en un saint siège d'importance ;
- de façon plus concluante — et là on voit l'analogie avec l'expression «ils étaient toujours là» que j'employais tout à l'heure à propos de l' «Holocauste» — selon les rapports et les histoires de toute cette époque du Moyen Age, c'est en Italie que l'autorité impériale a continué à s'exercer sous le règne de Constantin, de Sylvestre et de leurs successeurs immédiats.
Ce n'est certes pas le manque d'intérêt ou de signification de la question qui explique que l'on ait tant tardé à s'apercevoir que la Donation était un faux. Une bonne partie de la vie politique du Moyen Age tournait autour de la controverse sur les pouvoirs respectifs du Pape et du Saint Empereur Romain [Germanique], et il se trouvait des esprits distingués pour participer à des discussions au cours desquelles la Donation était utilisée comme argument en faveur du pape.
Même Dante (1265-1321), qui était un ennemi déclaré du pouvoir temporel des papes, a effleuré la question de la Donation dans son Enfer, mais pour reprocher à Constantin de l'avoir accordée :
Hélas ! ô Constantin, quel mal profond enfanta
Non point ta conversion, mais cette dot
Que de toi reçut le premier père enrichi !
C'est ainsi qu'un faux totalement anhistorique fut pendant des siècles au centre d'une controverse sans être pour ainsi dire jamais contesté ; c'est un peu comme si l'on avait attribué à George Washington la paternité d'une lettre portant sa signature et accordant à l'Église épiscopale méthodiste «le pouvoir de faire la loi sur Washington et ses territoires d'Amérique du Nord».
Les premières remises en cause furent, comme c'est l'usage, stupides, à côté de la question, tendancieuses, ou embarrassées de circonlocutions, et souvent, comme dans le cas de Dante, on contestait l'avantage de la Donation mais non son caractère historique. Au milieu du XIIe siècle, le mouvement de réforme d'Arnaud de Brescia s'attaqua à la légende de Sylvestre et de la Donation dans son ensemble en faisant valoir que Constantin était déjà baptisé lorsqu'il rencontra Sylvestre. Chez les Gibelins antipapistes d'Allemagne, vers 1200, naquit la légende selon laquelle, au moment où Constantin avait fait sa Donation, les anges en pleurs avaient fait entendre : «Hélas, hélas, aujourd'hui on a versé du poison au sein de l'Église de Dieu». Les partisans du pape rétorquèrent qu'on avait effectivement bien entendu pleurer, mais que c'était le Diable qui s'était déguisé pour essayer de tromper son monde. D'autres représentaient que la Donation n'avait pas de valeur parce que Constantin était coupable d'arianisme, ou parce qu'on n'avait pas demandé l'accord des populations, ou parce que l'offre n'était censée s'appliquer qu'au règne de Constantin. D'autres voyaient dans la Donation un coup porté sournoisement à la papauté en vue de prouver que la primauté du Pape ne dérivait pas de Dieu mais de l'Empereur. En fait, ce dernier argument commença d'inspirer, jusqu'au milieu du XV e siècle, l'attitude adoptée par la majorité des porte-parole antipapistes à l'égard de la Donation. Vers 1200, deux auteurs avaient fait remarquer que le régime impérial avait continué à s'exercer en Italie après la prétendue Donation, mais ils présentaient l'affaire avec bien des circonlocutions et sans révéler leurs conclusions personnelles sur le sujet, si bien que leur influence ne fut pas très marquante dans la controverse ultérieure.
C'est en 1433 qu'apparut ce qu'on pourrait appeler une critique concluante de la Donation ; elle n'était pas l'œuvre d'un antipapiste mais de quelqu'un qu'on qualifierait de réformateur libéral à l'intérieur de l'Eglise. Nicolas de Cusa, diacre de S t Florin de Coblence, présenta à l'usage du Concile de Bâle une critique de la Donation qui faisait ressortir les innombrables éléments historiques prouvant qu'il n'y avait pas eu le moindre transfert de souveraineté de l'Empereur au bénéfice du Pape à l'époque de Sylvestre et de Constantin ou immédiatement après.
Le De concordantia catholica de Nicolas de Cusa eut peu d'effet direct, d'un côté, en raison de son ton froid et sans passion, et, de l'autre, parce qu'il fut éclipsé par le traité, en 1440, de Lorenzo Valla, De falso credita et ementita Constantini donatione declamatio [4]. C'est le nom de Valla qui reste le plus étroitement lié à la dénonciation de cette mystification, d'abord parce que ses remarquables talents personnels s'ajoutaient au travail de Nicolas de Cusa, ensuite à cause du caractère éloquent et passionné de son traité et, enfin, parce que, très peu de temps après, les progrès de l'imprimerie et le mouvement de la Réforme permirent la diffusion massive de ce traité en différentes langues.
La méthode de Valla consistait essentiellement à soumettre la Donation à la critique sous tous les angles possibles à l'époque. Par exemple, il commença par envisager la question au point de vue de la personnalité de Constantin, «un homme qui, par soif de domination, avait fait la guerre à des nations entières, qui, au prix d'attaques et de dissensions civiles, avait évincé parents et amis pour prendre le pouvoir» et qui, ensuite, se serait prétendument «mis à offrir à un tiers, par pure générosité, la ville de Rome, sa patrie, la capitale du monde, la reine des nations, … pour aller se retirer dans une modeste petite ville, Byzance». Après la simple lecture de quelques pages de Valla, on sent bien que la Donation paraît incroyable, mais le traité continue de la sorte pendant 80 pages dans la traduction anglaise, si bien qu'on a là un cas typique de «surextermination». Valla reprenait l'argument de Nicolas de Cusa selon lequel le prétendu transfert de souveraineté n'avait pas eu lieu puisque les pièces de monnaie romaines de l'époque avaient été émises à l'effigie des empereurs et non pas des papes. Valla étudiait le langage et le vocabulaire du texte de la Donation et montrait qu'ils ne pouvaient pas appartenir au latin employé par Constantin. De telles méthodes étaient nouvelles pour l'époque.
Les recherches érudites de Valla n'étaient pas désintéressées. A l'époque où il rédigea son traité, il était le secrétaire d'Alphonse d'Aragon, qui disputait au Pape le gouvernement de Naples. Valla ne laissait aucun doute au lecteur sur ses convictions : pour lui, le pouvoir temporel du Pape était une mauvaise chose et il fallait l'abolir. Néanmoins, le traité de Valla marque une étape dans la naissance de la critique historique et je crois que son étude peut être profitable aujourd'hui à ceux qui se sont donné pour but de «démonter le mythe du génocide».
Certes, un homme fut brûlé sur le bûcher à Strasbourg en 1458 pour avoir nié la Donation, mais la thèse de Valla fut d'abord assez bien accueillie dans les milieux cultivés, même si le traité restait encore à l'état de manuscrit. Vers 1500, on put croire à la fin de la légende ; le phénomène était peut-être dû au fait que les discussions de fond sur la nature même de la papauté s'étaient plutôt calmées. Toutefois, par une ironie du sort, les progrès de la Réforme et l'abondant usage qu'on fit du traité de Valla comme d'une arme contre la papauté eurent pour effet de ressusciter la légende. D'une part, Martin Luther déclara en 1537 que le traité de Valla l'avait convaincu que le Pape était l'incarnation de l'Antéchrist. D'autre part, Steuchus, bibliothécaire au Vatican, publia en 1547 une critique assez habile du traité de Valla, et, peu de temps après, le traité fut mis à l'Index. Ce n'est qu'aux alentours de 1600 qu'on peut considérer que la légende fut complètement abandonnée, lorsque le grand historien catholique, le cardinal Baronius, déclara que le faux était prouvé.
Ce bref aperçu appelle au moins deux questions fondamentales. Tout d'abord, nous avons remarqué que le caractère frauduleux de la Donation semblait ressortir à l'évidence du simple fait que le prétendu transfert de souveraineté n'avait en réalité pas eu lieu. Pourquoi alors a-t-il fallu si longtemps pour le dévoiler ?
Je pense que la raison fondamentale en est que, jusqu'à la Renaissance, il aurait été contraire aux intérêts politiques de tirer à propos de la Donation les conclusions qui s'imposaient. On peut difficilement opposer à des intérêts politiques et économiques importants de simples observations, même si celles-ci sont factuelles et pertinentes. Les deux raisons qui viennent le plus spontanément à l'esprit pour expliquer pourquoi la légende a été abandonnée à cette époque sont que la Renaissance avait suscité en Europe un niveau d'érudition plus élevé et que la Réforme avait favorisé la progression des idées antipapistes. Je pense que cette interprétation est valable à condition qu'on n'entende pas par là que le Moyen Age n'aurait pas été intellectuellement en mesure de discerner la fraude. L'évolution politique de la période post-médiévale eut une importance décisive pour permettre d'ouvrir les yeux, en toute sécurité et même avec profit, sur ce qui était évident.
Si l'on examine de près cette explication essentiellement politique, on retrouve l'éternel problème : à moins d'efforts exceptionnels de notre part, «l'arbre nous cache la forêt». Pour voir l'évidence, encore faut-il que, d'une façon ou d'une autre, celle-ci se présente à nous. Ce que les gens retenaient de la controverse sur la Donation, c'est que les papes réclamaient l'autorité temporelle, qu'on se référait pour cela à ce document et que les milieux hostiles au Pape y trouvaient toutes sortes d'arguments. L'histoire romaine était assez bien connue, mais on ne la présentait généralement pas de manière intelligente. On peut sans doute s'étonner de cette lacune mais les explications en sont simples. Pour commencer, les papes occupaient une position solidement retranchée et, de là, décidaient de ce qui devait être discuté ; on ne pouvait guère s'attendre à les voir préconiser l'étude du document sur des bases historiques. Ensuite, les adversaires de la Donation, en raison de leur situation de dissidents, devaient s'en tenir à des sujets familiers à tous, s'ils voulaient, dans la pratique, ne fût-ce que se faire entendre. En outre, comme ils étaient plus préoccupés de défendre des intérêts politiques ou religieux que la vérité historique, ils ignoraient souvent jusqu'à l'aspect historique de la question. D'un autre côté, ceux qui faisaient profession de lettrés dépendaient dans une large mesure des autorités ecclésiastiques pour subsister. Ainsi, toutes les conditions étaient-elles réunies pour que règne une forme de sottise à fondement politique.
Venons-en à la seconde question fondamentale. En admettant que le caractère frauduleux de la Donation aurait dû s'imposer comme une évidence à des esprits sans timidité et curieux, et qu'à la faveur de l'évolution politique l'intimidation eût diminué au point même de disparaître, pourquoi alors a-t-il fallu un traité aussi long que celui de Valla pour venir à bout de cette tromperie ?
Posée en ces termes, la question est fallacieuse, surtout en ce qu'elle présuppose des relations de cause à effet. On ne peut distinguer les causes et les effets dans des événements complexes qui ont vu
- la ruine du pouvoir papal par la Réforme,
- l'écroulement de l'une des impostures sur lesquelles ce pouvoir reposait et
- la large diffusion d'un livre qui dénonçait cette imposture.
Tout au plus peut-on se demander quel rôle a joué le traité de Valla dans ces événements et on peut s'en faire une assez bonne idée en examinant le contenu même du traité, qui était beaucoup plus étendu, beaucoup plus détaillé qu'il n'était nécessaire pour soutenir la thèse. La documentation de l'ouvrage était si fournie, si diversifiée, que son effet ne pouvait être qu'irrésistible. Les amateurs de monnaies anciennes avaient leur mot à dire ; les spécialistes de latin et de grammaire latine étaient invités à prendre leur part de la controverse ; les spécialistes de l'histoire de Rome se sentaient concernés, tout comme les spécialistes de l'histoire de l'Église. Bref, chez des gens qui avaient l'art de la parole, les langues se délièrent, et cela dans le contexte d'une évolution politique colossale.
Dans l'exposé que j'ai fait ici il y a trois ans pour notre congrès, j'ai souligné qu'il ne fallait pas sous-estimer le rôle des controverses extra-universitaires comme moyen de pousser les universitaires à s'intéresser à des sujets controversés. Je veux dire par là — et je parle ici pour en avoir fait l'expérience en tant que professeur d'université — qu'à l'égard des sujets «brûlants» l'attitude caractéristique de l'universitaire, foncièrement honnête mais trop humain, est la dérobade.
Certes, il existe une petite minorité, celle des laquais au service des profiteurs de la thèse officielle, qui ment délibérément et pipe les dés. Mais vient le jour où une autre petite minorité finit par attaquer la position retranchée ; ses propos de dissidents ont alors provisoirement pour effet de rallier une plus large minorité au clan des menteurs délibérés, et cela pour dénoncer les hérétiques. Toutefois, l'honnête universitaire moyen, qui essaie de conserver quelque estime vis-à-vis de soi tout en payant ses factures, évitera de se prononcer sur un sujet brûlant.
Cette dérobade devient difficile ou impossible quand un certain nombre de gens du grand public se mettent à poser des questions troublantes. Si l'expression du sentiment populaire va assez loin, cela peut, après avoir rendu la dérobade impossible, permettre aux hérétiques de s'exprimer sans trop de danger. Par conséquent, quand il y a des sujets brûlants, ne sous-estimons pas le rôle de leur propagation dans le grand public comme moyen d'inciter ou même de mettre en mouvement ceux qui devraient les traiter.
Les principales remarques que je voudrais faire ici sont les suivantes. Des arguments simples et décisifs qui allaient à l'encontre de la Donation de Constantin et qui, selon nous, auraient dû crever les yeux des gens du Moyen Age, ont été étouffés par la politique de l'époque. Le traité de Valla, tout en allant, dans le détail, bien plus loin qu'il ne semble nécessaire à notre conception de l'histoire, a joué un rôle pratique crucial dans l'effondrement de la légende de la Donation, mais ce phénomène fut intimement lié au fait que l'évolution politique était favorable à la thèse de Valla et à son examen en toute sérénité.
Les analogies
Les analogies avec la légende qui nous intéresse, celle de l' «Holocauste», paraîtront presque trop évidentes pour qu'il soit nécessaire d'y consacrer du temps. Les universitaires du Moyen Age et de la Renaissance qui ne voulaient pas voir les choses simples n'ont malheureusement rien à envier aux universitaires d'aujourd'hui. Quelques points méritent cependant qu'on s'y attarde.
Nous avons vu que la légende de la Donation s'est effondrée à une époque où la situation politique devenait très défavorable à la papauté ; voilà qui suggère évidemment une autre analogie et une autre anticipation : la légende de l'Holocauste va s'effondrer dans une époque, la nôtre, très défavorable au sionisme. La concomitance, prévisible, des deux phénomènes est absolument inévitable et nous n'y échapperons pas, mais il faut en relever les aspects dangereux. Elle provoquera de dangereuses pressions, tant politiques qu'intellectuelles, dans le camp des révisionnistes.
Par exemple, au moment où j'écris, l'invasion du Liban par l'armée israélienne a fait de Menahem Begin l'homme le plus impopulaire du monde, et d'Israël l'État le plus impopulaire du monde. On peut à juste titre faire valoir que les envahisseurs s'en sont pris brutalement et sans scrupules à d'innocentes victimes civiles libanaises, que trop d'entre celles-ci ont péri ou ont été dépossédées de tout à la suite de la tentative exercée par Israël pour détruire les forces de l'O.L.P. On peut à juste titre faire valoir que les Américains, dopés ou dupés, n'ont pratiquement jamais rien refusé à Israël dans le passé. Mais j'ai lu, même dans des ouvrages qui marquent une certaine sympathie pour le révisionnisme [5], que la politique d'Israël équivalait à un «génocide», ce qui n'est pas le cas, ni dans les intentions, ni (tant s'en faut) dans les faits, du moins au sens où j'entends ce mot, c'est-à-dire dans un sens proche du mot «extermination». Si l'on peut admettre qu'une accusation aussi inappropriée soit la norme dans les journaux à grand tirage, il est fâcheux de la voir adopter dans des milieux à tendance révisionniste car ces derniers, plus que quiconque, devraient être capables de faire la distinction entre les différentes sortes de traitements inhumains, et cela pour rapporter avec exactitude les événements historiques.
Il y a là un réel danger ; on s'en rendra compte si l'on comprend qu'une telle confusion peut s'expliquer aussi bien en termes de politique que par la tendance naturelle de l'homme à l'inexactitude. Dans les années à venir, on fera fortement pression sur beaucoup de gens, y compris les révisionnistes, afin qu'ils soient «pour» les Arabes et non pas seulement équitables envers ceux-ci. Cette pression viendra en partie du fait que ce sont précisément les événements du Moyen-Orient qui fourniront aux révisionnistes l'occasion de se faire entendre. En conséquence, les révisionnistes vont devoir faire de la corde raide, d'une part pour résister à ces dangereuses pressions, d'autre part pour exploiter les ouvertures que leur fourniront les événements politiques, afin d'exprimer de légitimes observations historiques. On aimerait bien s'enfermer dans une tour d'ivoire pour y étudier la Mystification, mais ce n'est pas ainsi que les choses vont se passer.
Puisque l'histoire ne se répète jamais, la comparaison entre la Donation et l' «Holocauste» ne s'applique pas à tous les aspects saillants de ces deux légendes. Mais il est un autre point de ressemblance important qui mérite d'être noté ; c'est l'attention excessive accordée aux détails, à la fois dans le traité de Valla et dans les recherches révisionnistes actuelles : dans un cas comme dans l'autre, on «surextermine». L'homme de la Renaissance ne remarquait pas que le transfert de souveraineté n'avait pas eu lieu, voilà tout ; nous, nous ne remarquons pas que les juifs étaient toujours là après la guerre, voilà tout. Apparemment, nous devons poursuivre l'étude du sujet jusque dans des détails qui paraîtront sans doute incroyables à la postérité. Par exemple, nous ne nous contentons pas de dire que le Zyklon, utilisé, prétend-on, pour les «gazages», est un insecticide ; encore faut-il que nous analysions dans les moindres détails les aspects techniques de cette affirmation.
Ce souci du détail est à la fois souhaitable et nécessaire. Nous avons vu, dans notre examen de la Donation, qu'il était souhaitable. Le souci du détail entraîne une grande diversité et une grande quantité de réflexion sur la légende ; c'est ainsi que, même si la postérité nous accuse de myopie — et c'est d'ailleurs déjà ce qui se passe —, les langues se délient à tel point dans les circonstances pratiques et urgentes qui sont les nôtres que ceux qui ont pour métier de traiter de ces questions ne pourront plus les éviter. En fait, ce point a d'ores et déjà été atteint et Raul Hilberg, au fond, l'admet ; auteur de The Destruction of the European Jews [La Destruction des juifs d'Europe, Fayard, 1988, NDLR], il déclarait dans une récente interview donnée à un hebdomadaire français [6] :
Je dirai que, d'une certaine manière, Faurisson et d'autres, sans l'avoir voulu, nous ont rendu service. Ils ont soulevé des questions qui ont eu pour effet d'engager les historiens dans de nouvelles recherches. Ils ont obligé à rassembler davantage d'informations, à réexaminer les documents et à aller plus loin dans la compréhension de ce qui s'est passé.
Que le souci du détail soit également nécessaire à l'heure actuelle est une constatation qui découle de la stratégie qu'emploient dans leur propagande les promoteurs et les tenants de la légende officielle. L'un des aspects de cette stratégie consiste à esquiver la vraie question, toute simple, de savoir si oui ou non les juifs d'Europe ont été effectivement exterminés physiquement par les Allemands, pour se concentrer plutôt sur la question, en apparence similaire et (à condition de brouiller suffisamment les pistes) faussement équivalente, de savoir si oui ou non les Allemands ont utilisé des «chambres à gaz».
C'est un procédé cher aux mystificateurs (j'en citerai d'autres) auquel trop de personnes du camp révisionniste ou de sympathisants du révisionnisme se laissent prendre. Pour éviter tout malentendu, je précise tout de suite que, pour moi, la réponse aux deux questions est incontestablement «non» : il n'a pas existé de programme d'extermination et il n'a pas existé de chambres à gaz. Mais seul le premier point est au cœur de la dispute tandis que le second n'a qu'une importance accessoire pour l'école révisionniste, telle du moins que je crois en comprendre l'esprit. Par exemple, s'il arrivait qu'on découvre qu'un jour de 1942 on avait amené dix adultes juifs dans le quartier général de Hitler en Prusse orientale, qu'on les avait enfermés dans la douche de Hitler (rapidement aménagée pour la circonstance) et qu'on les y avait gazés sous l'œil approbateur du Führer, j'aurais toutes sortes de raisons, aussi bien historiques que techniques, d'en être stupéfait, mais cela ne m'obligerait pas à changer d'avis ou à revenir sur l'essentiel de la question de l' «Extermination». La découverte risquerait d'ébranler ceux des révisionnistes qui font de Hitler le centre de leur intérêt, comme par exemple David Irving, mais là n'est pas la question.
Grâce à différents stratagèmes, consistant, par exemple, à insister sur certains types de témoignages ou à discuter du «Zyklon» en soi, les défenseurs de la légende réussissent souvent, dans la controverse publique, à remplacer tout doucement la question de l' «extermination» par celle des «chambres à gaz» ; ce n'est pas qu'ils confondent les deux mais, de cette façon, ils tirent profit des réserves d'usage qui s'imposent dans le cas de presque tout sujet d'histoire.
Prenons un exemple : si on m'avait demandé, il y a quelque temps, si les Japonais avaient gazé des prisonniers pendant la seconde guerre mondiale, j'aurais répondu que je n'avais pas connaissance de tels gazages. Or, j'ai lu tout récemment un rapport sérieux qui fait état d'un gazage de 404 «cobayes humains» réalisé en vue de «recherches sur l'armement biologique» [7]. Je continue malgré tout à être certain que les Japonais n'ont pas «exterminé» de populations.
Un autre exemple : je suis certain que, pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés n'ont pas exterminé une part tant soit peu importante de la population esquimaude, et je suis convaincu qu'ils n'ont gazé aucune des communautés esquimaudes ; mais vous remarquerez que, dans le premier cas, je suis «certain» tandis que, dans le second, je ne suis que «convaincu». La différence vient du fait que, si l'on peut prouver qu'il n'a pas existé de programme d'extermination des Esquimaux (par exemple on n'a pas noté après la guerre qu'ils aient disparu en quantités significatives), on ne peut pas montrer qu'aucun Esquimau n'a été gazé. On me dira, bien sûr, qu'il n'existait pas de motif évident de gazer les Esquimaux, qu'on ne trouve pas trace, par la suite, d'accusations de gazages d'Esquimaux, etc., et on peut être «convaincu» qu'aucune communauté esquimaude n'a été gazée (bien entendu, des Esquimaux ont pu, à titre individuel, être exécutés dans une chambre à gaz californienne pour délits particuliers). Toutefois, il faut toujours, par exemple, envisager la possibilité qu'une quelconque communauté esquimaude isolée ait pu être gazée dans le plus grand secret parce qu'elle aurait pu menacer la sécurité d'une opération militaire ultra-secrète des Alliés. C'est simplement ce que les historiens appellent une réserve d'usage, applicable à toutes les périodes de l'histoire et que l'on ne mentionne guère, tant elle tombe sous le sens.
On peut démontrer que les Esquimaux n'ont pas été exterminés mais il n'est pas possible de démontrer qu'aucune communauté esquimaude n'a été gazée. De la même façon, et au risque de fournir à mes adversaires l'occasion de citer mes paroles hors contexte et de les utiliser de mauvaise foi, je peux démontrer qu'il n'a pas existé chez les Allemands de programme d'extermination physique des juifs, mais je ne peux pas démontrer qu'aucun juif n'a été gazé, bien que ma longue expérience du sujet est telle que je suis convaincu qu'aucun juif n'a été gazé.
Si l'on examine de près les arguments qui sont invoqués par ceux dont la tactique est de prétendre que les juifs ont été gazés, il est clair qu'on se trouve dans l'hypothèse de la «communauté esquimaude isolée». A la place d'une situation géographique isolée [cas des Esquimaux], on substitue une situation administrative isolée [cas des camps de concentration] : on n'a trouvé trace écrite ni de plans de chambres à gaz ni de leur construction, ni des gazages eux-mêmes ; pour cacher leurs exploits, les Allemands brûlaient les cadavres sans laisser de traces ; pour réduire le nombre des témoins au minimum, les juifs eux-mêmes servaient de main-d'œuvre dans ces opérations et étaient ensuite tués à leur tour. Jamais on n'explique pourquoi il aurait été utile ou nécessaire de garder le secret sur ces opérations, alors même que des manifestations étaient organisées à Madison Square Garden en protestation contre le prétendu massacre, et qu'il y avait les déclarations officielles de condamnation par les Alliés, par le Président des États-Unis, etc. [8] : on ne l'explique pas parce que peu de gens poseront ce type de question. Ce qui compte, c'est que toute cette histoire soit «prouvée» par les déclarations de quelques «témoins», qu'elle soit confirmée devant un tribunal et utilisée ensuite pour étayer un mensonge d'une espèce très différente et même sans rapport, à savoir l'extermination physique des juifs d'Europe.
Technique de bonneteau ! C'est un procédé facile. Il consiste à faire complètement abstraction du contexte et à renverser la perspective : technique de bonneteau où se laissent prendre les dupes. Malheureusement, le procédé a réussi, et c'est la raison pour laquelle il est nécessaire autant que souhaitable que les révisionnistes se soucient du détail. Les tenants de la légende ne veulent pas qu'on aborde directement la question de l' «extermination», car des documents aisément accessibles montrent clairement que les juifs n'ont pas été exterminés. Mais il n'existe pas de documents aisément accessibles qui montrent clairement ce qui s'est passé pendant la guerre en chaque point de l'Europe de l'Est, compte tenu surtout de l'exploitation politique qui a été faite de ces documents après la guerre, et c'est là que les mystificateurs se mettent à l'ouvrage. Ils proposent de combler ces lacunes, généralement à l'aide, non pas d'archives, mais de prétendues reconstitutions faites d'après leurs «procès». Comme ils occupent la position retranchée, ce sont eux effectivement qui donnent le ton quant aux thèmes du débat, et c'est ainsi que les révisionnistes se retrouvent, dans les rares débats d'apparence scientifique auxquels ils sont conviés par leurs adversaires, confrontés à des détails que l'on a rassemblés à des fins fallacieuses. Les mystificateurs n'osent pas axer le débat sur la vraie question, car elle est trop simple.
Contexte et perspective
L'intérêt actuel porté au détail est souhaitable du point de vue révisionniste ; il est aussi nécessaire, parce que les défenseurs de la légende ont décidé — mais pour des motifs contraires et qui n'appartiennent qu'à eux — qu'il fallait aussi faire porter l'accent sur le détail, quand il y a un semblant de débat. Cette curieuse entente entre les deux camps est bien entendu de surface.
Il est dangereux pour les révisionnistes de se concentrer ainsi sur le détail : on le voit bien quand on remarque que les défenseurs de la légende adoptent cette tactique parce qu'elle leur a permis de substituer à la vraie question des questions plus commodes. Plus précisément, ces gens s'arrangent pour faire perdre à leur auditoire le sens du contexte et de la perspective. Les propos tenus par Stangl à G. Sereny dans sa prison sont incompréhensibles si on ne les situe pas dans une perspective qui permet de voir que l'infortuné Stangl vivait alors dans l'après-guerre, plus précisément dans l'Allemagne de l'après-guerre, avec un système politique imposé par des vainqueurs étrangers et responsables, pour commencer, de l'installation de la légende. On nous rétorque que, si l'on manque des preuves historiques habituelles pour l' «extermination» des juifs, c'est en raison du caractère ultra-secret de la politique allemande : l'argument n'est pas facile à démolir, à moins de se référer au contexte historique de l'événement, comme nous venons de le faire. Par conséquent, s'il est bon, par les temps qui courent, de mettre l'accent sur le détail, nous risquons de perdre des batailles, sinon la guerre, si nous oublions le contexte historique et perdons de vue la perspective.
Le contexte et la perspective constituent le thème de cet exposé mais il fallait que je m'étende longuement sur la nature de leur nécessité. Aux yeux de la postérité, cet «Holocauste», cette curieuse imposture qui nous aura asservis pendant vingt ou trente ans, apparaîtra comme un phénomène passager, ayant entraîné d'incroyables déformations des faits historiques que nous aurions dû déceler plus facilement que nous ne l'avons fait, puisque l'interprétation des événements en question semblera alors plus simple que celle que nous voyons, ou du moins que nous avançons. Et puisque, naturellement, nous ne pouvons pas voir aujourd'hui les choses telles que les verra la postérité, du moins pouvons-nous essayer de voir le sujet en gagnant une perspective plus élevée. Non seulement notre réputation y gagnera dans l'avenir, mais cela nous évitera d'être pris en défaut sur des détails dans la controverse actuelle.
Demandons-nous pour commencer ce qui fera le plus l'étonnement de la postérité. Ce ne seront pas les «exterminations» des juifs, puisqu'il n'y en a pas eu. Ce ne sera pas non plus le programme d'expulsion des juifs décidé par les Allemands. D'aucuns pourront évidemment s'intéresser à ce programme, mais seulement dans la mesure où les historiens s'intéressent aujourd'hui à toutes sortes d'événements du passé. Mais ce programme allemand était loin d'être unique dans son principe, puisque les juifs ont déjà été expulsés de Jérusalem au II e siècle et d'Espagne au XV e siècle, pour ne mentionner que les deux plus célèbres expulsions parmi toutes celles qui se sont produites. Le programme allemand pourra être déploré, mais il ne paraîtra pas extraordinaire.
Ce qui paraîtra unique, ce sera l'installation de la légende de l' «Holocauste» dans la société occidentale, son exploitation jusqu'à la folie, sa remise en cause quelques décennies plus tard par des originaux, et son abandon par la suite. L'une des conséquences, peut-être à la fois instructive et mortifiante pour les révisionnistes, c'est qu'ils feront eux-mêmes l'objet d'un examen minutieux de la part des historiens, c'est-à-dire que nous sommes une partie du processus historique que verra la postérité, et non pas simplement les pionniers de la recherche dans ce processus.
Je pense qu'ils nous verront ainsi surtout à cause de la tendance que nous avons — j'en ai expliqué les raisons tout à l'heure — à nous empêtrer dans les détails en passant à côté ou par-dessus les observations qui, à leurs yeux, auraient dû être à la fois évidentes et décisives.
Prenons un exemple précis. Pour qu'une chose soit «évidente», il faut en quelque sorte l'avoir sous le nez. Prenons deux livres publiés récemment en faveur de la légende de l'extermination et dont on a beaucoup parlé, à savoirAuschwitz and the Allies [Auschwitz et les Alliés], de Martin Gilbert (le biographe de Winston Churchill) et The Terrible Secret [Le Terrifiant Secret, Gallimard, Paris 1981], de Walter Laqueur (directeur de l'Institut d'Histoire Contemporaine de Londres et rédacteur en chef du Journal of Contemporary History). Les deux livres ont une même approche du sujet et couvrent à peu près le même domaine.
A la fin de sa longue étude, copieusement annotée, Gilbert écrit ceci [9] :
Entre mai 1942 et juin 1944, presque aucun des messages qui parvenaient à l'Ouest ne parlait d'Auschwitz comme d'un lieu de destination pour les déportés juifs ou comme d'un centre de mise à mort. Le nom même d'Auschwitz n'avait pas non plus frappé l'esprit de ceux qui étaient en train de tracer ce qu'ils croyaient être le tableau de plus en plus détaillé et complet du sort des juifs.
Quant à Laqueur, il nous explique, au début d'une étude plus brève mais, elle aussi, copieusement annotée, qu'il n'aurait pas été possible de dissimuler les exterminations massives d'Auschwitz puisque, dit-il, Auschwitz était «un véritable archipel», que «les détenus d'Auschwitz […] étaient en fait dispersés à travers toute la Silésie, et […] rencontraient des milliers de gens», que «des centaines de civils travaillaient à Auschwitz comme employés», et que «des journalistes circulaient à l'intérieur du Gouvernement général et étaient obligés d'entendre», etc. [10]
Je ne trouve rien à redire à de telles réflexions puisque je les ai faites moi-même, à partir essentiellement des mêmes considérations.[11] Il ne reste plus au lecteur de Gilbert, de Laqueur et de Butz qu'à opérer un choix qui est simple. On lui dit :
- qu'entre mai 1942 et juin 1944 les intéressés eux-mêmes n'avaient pas entendu parler d'exterminations massives à Auschwitz ;
- que l'on n'aurait pas pu longtemps cacher au monde l'existence à Auschwitz de ces exterminations.
Comme, des deux côtés, on lui raconte la même histoire, il devrait, par simple déduction, — c'est ainsi qu'on se forge une opinion quand on n'a ni le temps ni les moyens de devenir un historien — supposer que les deux affirmations sont vraies. On n'a pas entendu parler d'exterminations massives à Auschwitz pendant la période considérée, et l'on n'aurait pas pu tenir secrètes des exterminations massives à Auschwitz. Par conséquent, il n'y a pas eu d'exterminations massives à Auschwitz.
La conclusion est inévitable et il suffit d'un peu de logique. On peut faire la comparaison avec le syllogisme suivant : «Je ne vois pas d'éléphant dans ma cave ; s'il y avait un éléphant dans ma cave, je ne pourrais pas ne pas le voir ; donc, il n'y a pas d'éléphant dans ma cave.»
Logiquement, une telle réflexion devrait rester sans réplique, mais je sais pourtant qu'on la perdra souvent de vue dans les débats à venir. C'est là un bon exemple de point sur lequel nous méduserons la postérité par notre myopie, parce qu'elle se demandera alors pourquoi nous avons si rarement soulevé cet argument dans la chaleur du débat. Ce n'est pas le seul exemple de ce genre. La littérature des défenseurs de la légende abonde en concessions de toutes sortes, si bien que la postérité se demandera comment, pour commencer, on a pu croire à une telle légende, puis pourquoi même il aura fallu que des révisionnistes écrivent des ouvrages. Expliquons-nous.
Les acteurs principaux de cet épisode historique sont les gouvernements des différentes puissances en guerre, les organisations juives fonctionnant dans les pays alliés et dans les pays neutres, les organisations juives fonctionnant ouvertement sous l'occupation allemande, les organisations de résistance clandestine, juives ou non, fonctionnant dans l'Europe occupée par l'Allemagne, l'Eglise catholique (en raison de sa double caractéristique : son omniprésence et sa centralisation) et la Croix-Rouge Internationale.
En tête des organisations juives se trouvait le JDC (American Jewish Joint Distribution Committee) [Comité paritaire juif américain de distribution], étroitement associé à l'American Jewish Committee [Comité juif américain], l' «organisation politique de l'élite non-sioniste de la communauté juive américaine» [12]. Le JDC a joué un rôle primordial dans l'aide matérielle apportée aux juifs. En Europe, il avait un représentant d'importance à Lisbonne en la personne de Joseph J. Schwarz [13].
Mais celui qui, au point de vue qui nous intéresse, a joué le rôle le plus important est Saly Mayer, qui est toujours resté le représentant principal du JDC en Suisse, même quand parfois ce n'était pas à titre officiel. Mayer était en contact permanent avec le JDC à Lisbonne et New York, ainsi qu'avec les juifs de l'Europe occupée, à l'Est comme à l'Ouest [14].
En tête également des organisations juives, il y avait la JA (Jewish Agency) [l'Agence juive], l'officieux Gouvernement israélien de l'époque, avec pour phare Chaïm Weizmann, représentée à Genève par Richard Lichtheim et Abraham Silberschein. Le sionisme était aussi représenté par le WJC (World Jewish Congress) [Congrès juif mondial], dont les phares étaient Nahum Goldman et le rabbin Stephen S. Wise et dont le principal représentant en Suisse était Gerhart Riegner. Les représentants suisses de ces organisations ainsi que ceux d'un certain nombre d'autres organisations juives étaient en contact permanent avec, à la fois, les juifs de l'Europe occupée et les représentants, juifs et autres, des pays alliés. Les liaisons postales ou téléphoniques, par exemple, pouvaient s'obtenir facilement entre les juifs des pays occupés et ceux des pays neutres comme la Suisse et la Turquie [15].
Comme il ressort tout à fait clairement d'un grand nombre d'ouvrages en plus du mien (par exemple du livre de Gilbert), c'est le WJC, aidé de la JA, du Gouvernement polonais en exil à Londres et, occasionnellement, de groupes moins connus, qui est à l'origine de la propagande de l'extermination.
Je ferai ici huit simples observations, qui sont toutes tirées de la littérature des défenseurs de la légende (parfois par l'intermédiaire de mon livre) et qui établissent la non-historicité de l' «Holocauste» ou, plus exactement, d'un programme d'extermination physique massive des juifs d'Europe.
1°) — Les allégations d'extermination qui ont circulé après la guerre avaient pour origine celles qui circulaient pendant la guerre. Toutefois, les différences entre les deux sont telles qu'il est permis d'en déduire que les allégations qui circulaient pendant la guerre ne reposaient pas sur des faits réels.
Les différences principales entre les allégations de la guerre et celles d'après-guerre sont de deux sortes. D'abord, une grande part des allégations qui circulaient pendant la guerre ont été abandonnées par la suite, à quelques exceptions près. Ensuite, la plus importante des allégations de l'après-guerre, celle qui concerne Auschwitz, n'a été émise que tout à fait à la fin de la guerre.
J'ai déjà fait ces deux observations au chapitre 3 de mon livre et nous avons vu la seconde tout à l'heure ; toutes deux sont confirmées par des publications plus récentes. Pour la première observation, j'ai dressé dans The Hoax une liste d'exemples précis que l'on pourra compléter par d'autres relevés dans les ouvrages récents, en particulier le livre de Gilbert, qui fournit un grand nombre de cas du même genre [16].
Pour prendre un exemple précis, on fera bien de s'arrêter sur le cas d'un certain Jan Karski, membre de la résistance polonaise, non juif, envoyé, dit-on, de Pologne par la résistance, en novembre 1942, pour faire son rapport au Gouvernement polonais en exil à Londres. Dans son rapport, il décrivait comment les juifs polonais étaient envoyés à Treblinka, à Belzec et à Sobibor dans des wagons remplis «de chaux et de chlore que l'on aspergeait d'eau». Au cours du voyage, la moitié des gens mouraient d'asphyxie, ou par l'effet des fumées toxiques, ou par manque de nourriture et d'eau. On les incinérait. Les autres étaient mis à mort par des pelotons d'exécution, dans «des chambres à gaz mortelles» et, à Belzec, dans une «station d'électrocution» ; ces autres étaient enterrés. Ce rapport a reçu beaucoup de publicité et a été largement diffusé [17].
Evidemment, on raconte aujourd'hui que presque tous les juifs étaient tués dans des chambres à gaz et qu'ensuite on brûlait leurs cadavres. Mais, dans ce rapport de la résistance polonaise, il n'y a rien sur Auschwitz en tant que camp d'extermination, et on ne peut, en la circonstance, accuser l'auteur d'ignorer la situation critique des juifs.
Karski a publié son histoire en 1944 dans un livre ridicule, Story of a Secret State [Histoire d'un État secret], qui s'est bien vendu. A l'heure actuelle, il est professeur d'État à l'Université Georgetown de Washington. Je sais bien que toute personne versée en la matière connaît parfaitement les différences énormes qui existent entre les histoires à dormir debout qu'il a publiées pendant la guerre et celles qu'il a publiées après la guerre, mais j'ai cru utile de choisir le cas de Karski parce que, ces dernières années, dans le déluge de la propagande holocaustique, on l'a redécouvert et fêté en quelque sorte comme un héros. En 1979, Karski écrivit une nouvelle version expurgée de son histoire, sans aucun doute pour le plus grand bien de ceux de ses amis qui avaient été gênés par son livre [18]. Puis, en 1981, il participa à une conférence organisée au Département d'État sous l'égide du Conseil américain du Mémorial de l'Holocauste, dont le président, l'écrivain Elie Wiesel, avait «organisé cette manifestation en partie pour endiguer la marée montante du révisionnisme». Je ne sache pas qu'une voix se soit élevée lors de cette conférence pour demander à Karski des explications sur la différence entre ses propres récits et la version aujourd'hui en vigueur des «exterminations» [19].
On me demande parfois pourquoi j'ignore Elie Wiesel ; je vais donc lui consacrer aujourd'hui un paragraphe. Je l'ignore parce que, contrairement aux auteurs dont j'ai l'habitude de traiter, il est franchement un romancier, et il n'y a pour ainsi dire rien dans ses déclarations que l'on puisse considérer comme un argument d'historien. Même ce qu'il appelle son autobiographie, Night [version originale en français : La Nuit, Préface de F. Mauriac, les Éditions de Minuit, 1958], est d'un tel histrion qu'on ne peut pas la considérer comme la source de première main qu'elle se prétend. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait absolument aucun intérêt à lui prêter attention. Le fait qu'on ait choisi un romancier pour diriger la Commission présidentielle de l'Holocauste, un morceau de choix que bien des gens ont dû se disputer dans la coulisse, est tout à fait révélateur des forces actuellement en présence. S'il fallait exprimer un bref jugement sur l'ensemble des écrits de Wiesel relatifs à l' «Holocauste», je ne pense pas être injuste si je les décris comme atteignant des sommets que nous ne pouvons atteindre, la plupart d'entre nous, qu'à l'aide de ces sortes de potions magiques faites de gin, de vermouth ou d'autres ingrédients comparables ; Wiesel, lui, n'a pas besoin de tels recours [20].
Pour en revenir à notre sujet, à savoir «que les allégations qui circulaient pendant la guerre ne reposaient pas sur des faits réels», la logique est la suivante. Les défenseurs de la légende pourraient prétexter que, si l'on n'a retenu qu'une fraction des rapports rédigés pendant la guerre, c'est parce que les contraintes de la guerre ne permettaient pas de corroborer les informations, et qu'en conséquence on a nourri le public avec une quantité d'histoires inexactes. Il en est résulté une série de rapports qui, bien que s'inspirant de faits réels, exagéraient la réalité. Mais une explication comme celle-là ne cadre pas avec l'absence d'Auschwitz dans les allégations d'extermination. Le raisonnement ne tiendrait que si l'on avait fourni pendant la guerre, à propos d'Auschwitz, une histoire qui aurait été exagérée par rapport à ce qui s'est dit après la guerre, comme par exemple, des exterminations qui auraient été faites par des moyens s'ajoutant à celui des chambres à gaz. La logique nous mène donc à conclure que les allégations qui circulaient pendant la guerre ne s'inspiraient pas de faits réels.
2°) — Aussi bien les documents du temps de la guerre que le comportement des juifs dans l'Europe occupée prouvent qu'on n'était pas informé d'un programme d'extermination.
On sait depuis de nombreuses années que les résistances aux déportations étaient rares et que les juifs se rendaient dans les différents camps sans soupçonner qu'ils allaient être tués ; les documents récemment publiés n'ont fait que renforcer cette observation. Mais on mesure généralement assez mal les conséquences qui en découlent. Il faut bien noter que cette observation vaut aussi bien pour les autorités juives dans les différents pays occupés que pour la population juive dans son ensemble.
Prenons quelques exemples. Vers la fin de 1942, au cours de négociations avec les Allemands, certains responsables juifs slovaques prirent au sérieux les propositions allemandes de mettre un terme à la déportation des juifs slovaques d' Auschwitz. Dans les archives juives françaises, «on trouve une abondance de documents qui tendent à nier» les exterminations. Les autorités juives de France considéraient «Auschwitz comme un lieu de travail» et, en novembre 1944 (après que les Allemands eurent été chassés de France), leur principal souci concernant les déportés était de réunir les familles. On nous dit que «les juifs de Hollande n'ont jamais vraiment su ce qui se passait en Pologne» et que les archives du Conseil juif d'Amsterdam en date du 22 janvier 1943 prouvent qu'on n'évoquait même pas la possibilité d'une «extermination» pour expliquer la dispersion des familles. Les autorités juives de Rome ignoraient l'existence d'un quelconque programme d'extermination et redoutaient les déportations uniquement pour des raisons telles que «les rigueurs de l'hiver et la santé fragile de beaucoup de déportés». Dans ces conditions, il n'est pas du tout surprenant que les activités (en Belgique) des juifs et de la Résistance aient abouti au déraillement d'un seul train de déportés vers Auschwitz [21].
Prenons un homme comme le rabbin Leo Baeck, «chef vénéré de la communauté juive allemande», qui aurait certainement dû être bien renseigné : une lettre de lui, datant de novembre 1942, prouve qu'il ne soupçonnait pas que des déportés juifs fussent mis à mort et, comme il l'a lui-même reconnu après la guerre, il n'a jamais parlé d' «exterminations» aux autres juifs qui se trouvaient en même temps que lui à Theresienstadt, un camp d'où un grand nombre de personnes étaient déportées [en direction d'Auschwitz] [22].
C'est au printemps de 1944, tout de suite après l'occupation de la Hongrie par les Allemands, que les autorités juives hongroises entendirent parler d'extermination, y compris (enfin) à Auschwitz. Mais elles «ne donnèrent aucune publicité» à de telles allégations. «Pour les responsables sionistes hongrois, la voie qu'ils avaient choisie était non pas de conseiller d'urgence à leurs amis juifs de résister aux déportations, mais d'entamer avec les SS des négociations secrètes pour éviter les déportations en général» [23].
Quant à la Pologne, elle connut la célèbre insurrection du ghetto de Varsovie en avril 1943. Mais l'affaire se produisit seulement alors que la plupart des juifs de Varsovie avaient déjà été déportés vers l'Est. On prétend qu' «au mois de mars 1943, la destruction des juifs de Pologne était presque entièrement achevée». Au cours de la période où on était censé la détruire, on ne trouve pas de trace significative d'une résistance aux déportations [24]. De plus, les juifs tenaient registre avec soin d'une quantité de faits, au point que «bien des registres posthumes nous sont parvenus». On constate pourtant une «absence de sujets d'importance vitale dans ces registres» [25].
Par conséquent, les juifs n'avaient pas connaissance d'un programme d'extermination dans les seuls sens qui seraient convaincants, c'est-à-dire en résistant aux déportations ou, à tout le moins, en faisant état de l' «Holocauste» dans leurs archives confidentielles.
3°) — Les instances juives hors de l'Europe occupée, comme le JDC [Joint Distribution Committee], le WJC [World Jewish Congress], la JA [Jewish Agency] et d'autres, n'ont pas eu le comportement de personnes croyant à leurs propres allégations d' «extermination».
Ce fut le cas en bien des sens, mais le plus important touche directement au point que nous venons de soulever.
Les juifs qui, nous dit-on, montaient dans les trains de la déportation sans se douter qu'on les menait vers la mort, étaient, comme nous venons de le voir, en contact direct avec les instances juives situées hors de l'Europe occupée. A vrai dire, beaucoup d'éléments prouvant qu'ils ignoraient l'existence d'un programme d'extermination figurent dans les échanges de correspondance avec ces juifs situés hors d'Europe. Or, s'il faut en croire les commentaires qu'ils destinaient à l'usage externe, les juifs situés hors d'Europe n'ont pas cherché à faire pression sur leurs frères de l'intérieur au sujet de la prétendue signification des déportations. Sinon il n'y aurait pas eu cette prétendue ignorance.
La démonstration pourrait s'arrêter là, mais il n'est pas inutile de fournir quelques bons exemples du comportement véritable des instances juives hors d'Europe au cours de leur prétendu «Holocauste».
Chaïm Weizmann s'est servi de ces allégations d'extermination quand il l'a jugé utile. Mais, en mai 1943, Weizmann s'était plaint en ces termes auprès du secrétariat de Churchill : «Si l'on continue à affirmer dans la presse alliée qu'il y a des juifs parmi les savants qui participent à l'effort de guerre scientifique des Alliés …, les Allemands accentueront leurs représailles contre les juifs» [26]. On ne voit pas bien quelles représailles auraient pu être pires que l'extermination physique de tous les juifs.
Nous avons noté plus haut que, selon la légende, en mars 1943, les juifs polonais avaient été tués dans leur quasi-totalité. Or, pendant tout le temps où cette tuerie était censée se dérouler, et même en 1944, des sociétés d'entraide juives situées à l'Ouest envoyaient des colis de nourriture à des juifs de Pologne, en particulier par l'intermédiaire de la JUS (Jüdische Unterstützungsstelle ou Bureau d'assistance juive), avec l'autorisation et le concours des autorités allemandes. De l'argent était aussi envoyé à des organisations juives de Pologne par l'intermédiaire du Gouvernement polonais en exil à Londres, toujours avec l'autorisation des autorités allemandes [27].
En 1944, la Pologne était devenue un champ de bataille. En conséquence, le 14 mars 1944, tandis que les forces soviétiques approchaient de Lvov, le WJC rappela aux Britanniques qu'il restait «encore un nombre considérable de juifs» dans le secteur de Lvov, et qu'il fallait donner «un nouvel et énergique avertissement aux Allemands» et en outre accélérer les opérations de sauvetage des juifs du territoire occupé par les Nazis (manifestement en direction de la Palestine, comme en témoignent clairement les déclarations faites par le WJC pendant la guerre) [28]. De l'avis même du WJC, les juifs mis à mort étaient toujours là.
Les journaux juifs de l'Ouest prétendaient bien annoncer de temps à autre un massacre, mais il est clair qu'ils tenaient ces allégations pour très exagérées et avaient tendance à se contredire dans leurs déclarations. Ainsi le «Bund» juif de gauche, qui se donnait pour bien informé, parlait, en octobre 1943, dans sa publication The Ghetto speaks [Le ghetto parle], de la «lutte unissant les masses polonaises et juives». D'après eux aussi, les juifs mis à mort étaient toujours là. En tout cas, mis à part des incidents particuliers de cette nature, il est reconnu que, même après la déclaration alliée du 17 décembre 1942, où l'on entend parler pour la première fois d' «extermination», «il n'y a pas eu de réaction vigoureuse, sans équivoque de la part de la communauté juive américaine, y compris du JDC». D'une manière générale, «les juifs eux-mêmes n'ont jamais tellement insisté pour appeler au secours et ils semblaient souvent plus préoccupés de faire de la propagande pour la Palestine que de s'occuper des mesures immédiates à prendre pour sauver leurs frères» [29].
Les archives historiques montrent par conséquent que, mis à part, de temps à autre, quelques déclarations publiques au sujet d'une prétendue «extermination», les instances juives hors de l'Europe occupée se sont comportées comme s'il n'y avait pas d'exterminations, ainsi que le montre très clairement le fait qu'elles n'ont pas cherché à mettre en garde les juifs européens et qu'elles concentraient ailleurs leurs vrais efforts (par exemple, sur la Palestine).
4°) — Le comportement des gouvernements alliés et de leurs représentants n'a pas été celui de gens qui croyaient aux allégations d'extermination, et leurs services de renseignements n'ont jamais fourni d'informations susceptibles de corroborer ces allégations.
En ce qui concerne l'attitude des gouvernements alliés et de leurs représentants, on peut dire que :
- les déclarations gouvernementales relatives à l' «extermination» étaient contradictoires, équivoques et, si l'on tient compte des dates, peu convaincantes ;
- aucune mesure concrète n'a été prise pour contrecarrer les déportations de juifs ou ce qui pouvait se passer dans les camps ; et
- des incidents impliquant de hauts fonctionnaires prouvent que ceux-ci ne croyaient pas à ces allégations.
Parmi les déclarations gouvernementales à ce sujet, la plus connue peut-être est la déclaration alliée du 17 décembre 1942 ; cette fois-ci, les mots employés étaient sans équivoque, même si les détails précis manquaient. En revanche, sa date la rend peu convaincante. D'après la légende, cela faisait près d'un an déjà qu'on exterminait à l'extérieur de la Russie. De plus, cette date marque, de la part de l'Union soviétique, la première accusation sans équivoque d'une «extermination», alors qu'un tel programme était censé fonctionner dans ce pays depuis juin 1941. La déclaration à retardement des Soviétiques en devient d'autant plus incroyable, vu qu' «il existe toutes les raisons de supposer que les autorités soviétiques étaient dès le début bien informées de tous les événements importants dans les territoires [soviétiques] occupés» [30].
Par ailleurs, la «Déclaration sur les crimes de guerre» publiée par les Alliés le 1er novembre 1943 pour condamner les atrocités allemandes ne mentionnait pas les juifs. Lors de la rédaction du projet de déclaration, le ministère britannique des Affaires étrangères avait supprimé du texte la référence aux «chambres à gaz parce que les preuves n'étaient pas dignes de foi» [31].
Pour ce qui a trait à Auschwitz, les radios de Londres et de Washington accusèrent les Allemands, le 10 octobre 1944, d'avoir «des plans [en vue de] l'exécution massive des populations des camps de concentration» d'Auschwitz et de Birkenau (souligné par moi). Le Service Télégraphique allemand répliqua immédiatement : «ces rumeurs sont fausses d'un bout à l'autre» [32]. La première fois que des Alliés haut placés dénoncèrent Auschwitz à peu près comme le raconte la légende d'aujourd'hui, c'est à la fin du mois de novembre 1944, après le prétendu arrêt des «exterminations», avec la publication d'un document que j'ai appelé le «WRB Report» [Rapport du WRB] (car il a été publié par le War Refugee Board [Office des réfugiés de guerre]) [33]. Les Russes prirent Auschwitz le 27 janvier 1945 et n'en autorisèrent pas l'inspection, pas même après qu'on eut manifesté de la curiosité pour ce camp, et pas même au moment où la publicité sensationnelle donnée à la prise de Belsen et de Buchenwald fournissait aux Soviétiques l'occasion de faire chorus. Au lieu de cela, les Russes se contentèrent de déclarer, à la fin du mois d'avril 1945, que 4.000.000 de personnes avaient été tuées à Auschwitz, et, le 7 mai 1945, ils publièrent un «rapport» plus détaillé [34].
Il est bien connu que les Alliés ne prirent aucune mesure concrète pour mettre en garde les juifs d'Europe ni pour contrecarrer les déportations ou les mesures prises dans les camps allemands. La controverse, courte et somme toute confidentielle, qui a été soulevée sur la question du bombardement d'Auschwitz comme moyen de mettre un terme aux exterminations est particulièrement révélatrice à ce sujet. Chaïm Weizmann avait suggéré cette solution au cours de l'été 1944 (plus ou moins à contrecœur, semble-t-il). L'impression qui ressort nettement, c'est que les Britanniques et les Américains faisaient semblant de prendre au sérieux la suggestion de Weizmann, mais se contentaient d'un manège verbal. Ainsi, le 7 juillet 1944, Anthony Eden demanda-t-il au Ministère de l'Air de lui adresser une réponse sur la possibilité de réaliser une telle suggestion. Il fallut un bon moment pour répondre à Weizmann ; le 1er septembre 1944, Richard Law, du Ministère des Affaires étrangères, écrivit à Weizmann : «compte tenu des très grandes difficultés techniques que cela implique, nous n'avons pas d'autre choix, dans les circonstances présentes» que de renoncer à cette suggestion. Et cela, en dépit du fait qu'au moment même où l'on était censé étudier les suggestions de Weizmann, les forces aériennes dressaient le plan d'un bombardement de nombreuses installations pétrolières dont celles d'Auschwitz ; d'ailleurs, elles bombardèrent Auschwitz pour ce motif le 20 août 1944, et à plusieurs reprises ensuite. Ce qui paraît évident, c'est que les allégations concernant Auschwitz n'étaient pas prises au sérieux, et cette évidence est confirmée par le fait que la fameuse «information» dite cruciale contenue dans ce qui devait devenir le «WRB Report» a été reçue à Londres et à Washington en juillet 1944 et tout simplement classée par les deux Gouvernements «jusqu'à ce qu'on l'exhume trois mois et demi plus tard» [35].
Nombreux sont les incidents, impliquant des officiels de haut rang, qui montrent que ces derniers ne croyaient pas à de telles assertions. On connaît les «liens étroits qui unissaient la communauté juive à l'Administration Roosevelt». En septembre 1942, cette
Administration se refusait à croire les rapports sur les centres de mise à mort et repoussait l'idée d'une tentative organisée pour liquider les juifs. Roosevelt expliqua les déportations à Frankfurter ; pour lui, les juifs déportés étaient simplement employés à construire des fortifications sur la frontière soviétique.[36]
On peut supposer que Roosevelt fondait ses réflexions au juge Frankfurter sur les informations qui lui étaient fournies par ses services de renseignements. Frankfurter dut être convaincu puisque, lorsque Jan Karski (dont j'ai parlé plus haut) parvint plus tard à Washington et y raconta ses histoires, Frankfurter dit à Karski «qu'il ne pouvait pas le croire» [37].
Lorsque les allégations concernant Auschwitz parvinrent à Washington, les spécialistes du Département d'État les commentèrent entre eux en ces termes : «On reçoit des trucs comme ça de Berne sans arrêt depuis 1942 … N'oubliez pas que c'est un juif qui nous parle de juifs … C'est seulement une campagne qui est faite par ce juif de Morgenthau et ses adjoints juifs» [38].
En Grande-Bretagne, la situation était comparable. En septembre 1942, à la Chambre des Communes, Churchill condamna «les déportations massives de juifs de France, avec toutes les horreurs qu'entraîne en fin de compte la dislocation délibérée des familles». Il ne parla pas d'«extermination». Aux Affaires étrangères, on ne croyait généralement pas à ces allégations d' «extermination», et au ministère des Colonies un fonctionnaire les qualifia de «produit larmoyant de l'Agence juive» [39].
En novembre 1942, le président de la Tchécoslovaquie en exil à Londres, Edouard Benes, qui était bien informé de ce qui se passait dans son pays, écrivit au WJC que les allégations venant de Riegner en Suisse étaient fausses et que les Allemands n'avaient aucun plan pour exterminer les juifs [40]. Le Gouvernement suisse estimait que la Déclaration alliée du 17 décembre 1942 était «une rumeur de la propagande étrangère de la pire espèce» [41].
Ce qui est surtout important pour nous, c'est ce que les services de renseignements alliés avaient à dire en la matière. Voilà bon nombre d'années que je pratique la littérature qui existe sur le sujet et je n'ai pas rencontré un cas où cette «extermination» ait été corroborée par la moindre source, pendant la guerre, en provenance d'un service de renseignements. Les éléments que nous possédons en provenance des services de renseignements plaident nettement contre la légende. Par exemple, le 27 août 1943, «le président du Joint Intelligence Committee [Comité de liaison des services de renseignements britannique et américain], William Cavendish-Bentinck (Grande-Bretagne), qui avait pour tâche de juger du vrai ou du faux dans les rapports en provenance de l'Europe nazie», déclara confidentiellement que les histoires qu'on faisait circuler «ont tendance à exagérer les atrocités allemandes en vue de nous échauffer l'esprit» [«tend to exaggerate German atrocities in order to stoke us up»] [42].
Son homologue américain, John Beaty, l'un des deux rédacteurs du rapport secret quotidien «G-2»qui était publié chaque jour à midi pour donner aux personnes haut placées le tableau du monde tel qu'il se présentait quatre heures plus tôt, tourna en ridicule la légende des six millions dans un livre publié au cours des années 50 [43].
Les seules données vraiment importantes que nous ayons en provenance de services de renseignements sont les photographies de reconnaissance aérienne d'Auschwitz qui furent publiées en 1979 par deux spécialistes de l'interprétation photographique appartenant à la CIA. Une bonne partie de ces photographies ont été prises au printemps de 1944, c'est-à-dire au moment où, selon la légende, environ 10 000 juifs hongrois entraient chaque jour dans le camp pour y être tués. Puisqu'il faut bien reconnaître que les fours crématoires d'Auschwitz n'avaient pas une capacité suffisante pour de telles masses, la légende raconte qu' «on brûlait nuit et jour des cadavres» à l'air libre [44]. On ne trouve pas trace de cela sur les photographies et les deux spécialistes font observer que même les cheminées des crématoires ne semblent pas être en activité [45].
Par conséquent, les Alliés n'ont pas pris au sérieux les allégations d' «extermination» au point d'en parler autrement que du bout des lèvres.
5°) — Le Vatican ne croyait pas aux allégations d'extermination.
Il est admis que la nature très étendue des activités de l'Eglise catholique nous est garante de ce que le Vatican aurait su ce qui arrivait aux juifs [46] . Et pourtant jamais aucune déclaration sans équivoque n'est venue du Vatican pour condamner des exterminations de juifs, pas même après que les Allemands eurent été chassés de Rome ni même après la défaite de l'Allemagne. Et cela en dépit des sérieuses pressions exercées sur le Vatican par les Alliés pour obtenir une telle déclaration.
En 1942, dans son message de Noël, le Pape fit une déclaration équivoque, mais il la publia seulement après que les Britanniques eurent fortement suggéré que la publication d'une telle déclaration pourrait contribuer à dissuader les Alliés de bombarder Rome. En tout cas, le Pape fit clairement savoir aux Alliés, même après la publication de sa déclaration, qu'il ne croyait pas à ces histoires : «il avait une impression d'exagération pour des raisons de propagande» [47]. Le fait que les porte-parole du Vatican d'aujourd'hui cautionnent la légende dans leurs déclarations publiques n'a rien à voir avec notre point d'histoire.
6°) — Les activités et les rapports du Comité International de la Croix-Rouge ( CICR ) ne se concilient pas avec les allégations d'une extermination.
Comme pour le Vatican, les déclarations des porte-parole du CICR d'aujourd'hui cautionnent bien la légende, mais cela n'a rien à voir avec notre point d'histoire. De même, les remarques d'ordre général faites par les rédacteurs de recueils de documents publiés par le CICR juste après la guerre s'accordent effectivement avec la légende. Mais la seule chose qui devrait intéresser l'historien, c'est le contenu même des rapports et les activités du CICR pendant la guerre.
Les rapports et les activités du CICR ne correspondent pas à la légende : c'est un sujet dont j'ai longuement traité dans mon livre et il paraît vain d'y revenir ici [48]. Il y a encore deux points que j'ai découverts récemment et qui méritent d'être signalés.
Le 14 avril 1943, le CICR précisait nettement qu'il considérait Auschwitz comme un camp de travail pour déportés, auxquels on pouvait adresser des colis [49].
A deux reprises, le CICR visita, à grand renfort de publicité, la colonie juive de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie. Dans les deux cas, les rapports furent relativement favorables. Ce qui est rarement relevé, c'est que, lors de la seconde visite, au printemps 1945, le délégué du CICR était George Dunant lui-même, lequel décrivit Theresienstadt «comme une expérience tentée par certains dirigeants du Reich qui, apparemment, étaient moins hostiles à l'égard des juifs que ceux qui étaient responsables de la politique raciale du Gouvernement allemand». C'est Adolf Eichmann qui lui fit visiter Theresienstadt ; aussi Dunant devait-il bien savoir que Theresienstadt était l'œuvre des SS de Himmler. En outre, Dunant était évidemment en contact permanent avec des représentants de la communauté juive. Il se rendit, par exemple, à Bratislava au tout début de 1945, en partie à la demande insistante de Saly Mayer, pour apporter des fonds aux juifs qui se cachaient [50].
7°) — Les documents allemands ne parlent pas d'extermination mais essentiellement d'un programme d'expulsion et d'implantation à l'Est. Il n'y a rien sur les «chambres à gaz» dans les archives des camps de concentration ni dans d'autres archives allemandes.
Il est bien connu que les documents allemands ne parlent pas d'extermination. Par exemple, il n'existe aucun ordre écrit de Hitler de tuer les juifs [51]. Les documents parlent de la «Solution finale» au sens de l'expulsion définitive hors d'Europe de tous les juifs et, pour le temps de guerre, d'une procédure de transplantation des juifs dans les territoires occupés de l'Est [52].
Bien entendu, les défenseurs de la légende prétendent qu'au moment de consigner leurs faits par écrit, les Allemands usaient communément de termes circonspects et évasifs. Cette excuse ne tient pas pour la raison que de tels efforts de dissimulation ne s'expliqueraient que pour quelque chose qu'il aurait été possible de cacher. Quelle que fût l'issue de la guerre, l'extermination physique des juifs d'Europe ne serait évidemment pas restée secrète. Pour les raisons que nous avons vues plus haut, au moment même de son accomplissement on l'aurait sue partout. Même en supposant chez les Allemands une incroyable stupidité sur ce point, il faut à coup sûr leur accorder qu'ils étaient au courant des allégations d'atrocités propagées sur leur compte dans les pays alliés : ils auraient compris que travestir ainsi les documents ne servait à rien.
Nulle part non plus dans les documents allemands il n'est question de «chambres à gaz», au sens où l'entend la légende. La légende à ce propos se borne à nous présenter l'insecticide Zyklon B ou quelque autre moyen de désinfection, à nous montrer des photos de douches d'apparence tout à fait ordinaire (dotées, à ce qu'on disait, d'extraordinaires particularités secrètes), à faire état de l'utilisation des produits d'échappement de moteurs Diesel (sans se rendre compte, apparemment, qu'un Diesel libère surtout du gaz carbonique et non de l'oxyde de carbone) ou à jouer sur l'expression de «four à gaz» (les fours des crématoires, comme la plupart des fours de cuisine, sont des «fours à gaz», et les crématoires des camps allemands ne faisaient pas exception).
Tout cela est si aberrant que ce serait un supplice que de prolonger la discussion. On ne trouve pas non plus trace de plans ou de construction de chambres à gaz. Pour autant que je m'y connaisse en matière de construction, il me semble qu'il aurait été hors de question de dissimuler tous les documents historiques habituels pour des projets de construction de l'envergure nécessaire à la réalisation des grandes «chambres à gaz». Il faut non seulement produire des documents mais aussi les distribuer au nombre considérable des individus chargés, chacun, d'un travail particulier ; il n'est pas d'autre moyen d'arriver à une coordination. Même en admettant que les documents principaux fussent contrôlés de près (comme on suppose que c'est le cas pour les documents «classés secrets» aux États-Unis), les différents individus auraient été capables, plus tard, d'une manière ou d'une autre, de fournir des détails qui, mis bout à bout, se seraient recoupés de façon cohérente. Or, nous n'avons pas avec l' «Holocauste» de cohérence de ce genre. En vérité, c'est devant l'incohérence que nous nous trouvons : une incohérence à deux niveaux. Au premier niveau, il y a une incohérence mutuelle entre, d'une part, les «chambres à gaz» elles-mêmes, et, d'autre part, les documents authentiques portant sur les crématoires et les mesures de désinfection. A un autre niveau, la tentative des mystificateurs en vue de prodiguer des détails techniques précis vient en contradiction avec l'aspect de la légende selon lequel les «chambres à gaz» étaient improvisées et bricolées par du personnel allemand recruté sur place et dépourvu de qualification technique [53].
Il est intéressant de noter que deux des adjoints les plus proches d'Heinrich Himmler, le général SS Gottlob Berger et le général Karl Wolff, déclarèrent tous deux devant les tribunaux qu'ils n'avaient rien su pendant la guerre d'un programme d'extermination. Il est encore plus intéressant de savoir que, vers la fin de la guerre, Himmler déclara à un représentant du WJC [54] :
En vue de mettre un terme aux épidémies, nous avons été forcés de brûler les corps d'un nombre incalculable de gens qui étaient morts de maladie. Nous avons donc été forcés de construire des crématoires, et c'est avec cela qu'ils sont en train de préparer une corde pour nous pendre.
Il y a une cohérence essentielle entre cette tentative de disculpation de la part d'Himmler et le tableau que nous tracent les documents que les ennemis d'Himmler ont réunis dans les trois années qui ont suivi sa mort ; faut-il croire que cette cohérence soit accidentelle, soit arrangée par Himmler grâce à une application et une prescience surhumaines ? Faut-il croire qu'il en est de même pour la cohérence essentielle qui existe entre les documents allemands relatifs à la politique juive et le comportement véritable des ennemis de l'Allemagne pendant la guerre ?
8°) — La résistance allemande à Hitler, y compris la part importante de résistants qu'hébergeaient les services de renseignements de l'armée allemande, n'avait en aucune façon connaissance d'un programme d'extermination des juifs.
Une partie de la résistance allemande s'opposait évidemment au régime de Hitler en raison de la prise de position antijuive de ce régime. De plus, les services de renseignements de l'armée allemande, l'Abwehr, étaient dirigés jusqu'en 1944 par l'amiral Wilhelm Canaris, qui était un traître délibéré. Directement sous ses ordres dans l'Abwehr, il y avait Hans Oster, qui s'occupait des questions financières et administratives et tenait à jour la liste centrale des agents. Oster et l'un de ses subordonnés, Hans von Dohnanyi, un juif partiellement «aryanisé», «s'occupèrent» tous deux «de toutes sortes d'opérations sans rapport avec leurs tâches immédiates». Entre autres opérations, il y eut leur engagement dans l'opposition anti-hitlérienne et leur assistance illégale à divers juifs. Tous les deux furent exécutés pour leur participation au coup d'État manqué du 20 juillet 1944 [55].
Dans les différents récits qui traitent des activités de la résistance anti-hitlérienne en Allemagne, comme, par exemple, The German Opposition to Hitler [L'opposition allemande à Hitler] de Hans Rothfels, il n'existe aucune indication permettant de penser que cette opposition aurait eu la moindre connaissance d'un programme d'extermination des juifs ou qu'elle ait communiqué aux Alliés la moindre information en ce sens. Si l'on avait eu connaissance d'un tel programme, il est certain que l'information aurait été transmise, puisque l'opposition anti-hitlérienne était en contact avec les Alliés et s'évertuait, sans succès, à obtenir des Alliés quelque promesse de leur venir en aide s'ils réussissaient à renverser Hitler [56].
Même en admettant qu'il y ait eu, parmi les Allemands impliqués dans l'opposition à Hitler, des personnes qui auraient pu ignorer l'existence d'un programme d'extermination physique des juifs, à supposer même qu'il eût existé un tel programme, faut-il croire qu'une telle ignorance eût été possible de la part de hauts responsables de l'Abwehr ?
* * *
Telle sera ma conclusion sur les «huit simples observations […] qui établissent la non-historicité […] d'un programme d'extermination physique massive des juifs d'Europe» (voy. p. 112). L'allégation ne répond à aucun des critères historiques appropriés et elle implique un degré d'impudence ou de «chutzpah» qui, avant la guerre, aurait stupéfié les imaginations. Ce qu'on exige de nous, c'est que nous allions croire que ces «événements de la dimension d'un continent au point de vue de la géographie, d'une durée de trois ans au point de vue du temps, et de plusieurs millions au point de vue du nombre des victimes», ont tous pu se passer sans qu'aucune des parties en cause en ait eu connaissance. Autant me raconter que, alors que je n'avais aperçu aucun éléphant en regardant dans ma cave, il s'y trouvait quand même un éléphant. Et puis, alors que j'étais assis dans mon salon, je n'ai pas remarqué que l'éléphant avait trouvé le moyen de monter à l'étage et de s'y ébattre un moment : les escaliers à emprunter, les ouvertures des portes, les parquets étaient soudain devenus, par miracle, compatibles avec de telles activités. Puis l'éléphant s'était précipité dehors dans un quartier commerçant en pleine activité, en plein midi, et ensuite, à quelques kilomètres de là, il avait réintégré son zoo, mais personne ne s'en était aperçu.
Parlant de cette affaire d'extermination, Rassinier dit quelque part : «Ce n'est pas sérieux». Je ne suis pas d'accord avec cette appréciation et je dirais plutôt que cette affaire est insensée. Mais la discussion ne porte pas sur ce point. Le point, c'est qu'on peut dire que ces huit observations sont là, «en quelque sorte sous notre nez», car la plupart d'entre elles ont été formulées dans des ouvrages publiés récemment, non par des révisionnistes, mais par les défenseurs de la légende, et les rares qui ne l'ont pas été se déduisent de toute façon aisément de ces mêmes ouvrages. L' «Holocaustomanie» a été telle, ces dernières années, qu'on a fait une large publicité à l'existence de ces ouvrages et à leur teneur. Peut-être ces livres n'ont-ils pas présenté ces observations aussi succinctement et directement que je l'ai fait, mais ils les ont présentées. On pourrait donc vraiment parler de myopie — une myopie d'un genre que s'expliquera mal la postérité — si, dans la suite de la controverse sur l' «Holocauste», nous nous laissons absorber par les menus détails que soulèveront les défenseurs de la légende, au point d'en oublier de tenir compte des observations historiques extraordinairement simples qui règlent sans aucun doute possible toute question sur l'existence d'un programme d'extermination physique des juifs d'Europe.
Remarques finales
Dans les controverses à venir, les partisans de la légende en cours essaieront, tant qu'ils le pourront, de brouiller et de compliquer le sujet en usant de tous les procédés qu'on peut prévoir, et peut-être davantage encore. Nous avons le précédent de la controverse sur la Donation, qui montre qu'on peut empêcher que ne s'expriment de simples observations capables de montrer la nature complètement anhistorique d'une légende bien en place. Par conséquent, le premier conseil que je donnerais à ceux qui abordent cette controverse serait de ne pas perdre de vue le fait que le cœur du sujet, c'est-à-dire l'allégation d'une extermination, a en définitive complètement échappé à toute analyse historique classique.
Il s'ensuit que la tactique de base qu'utiliseront les défenseurs de la légende dans les controverses à venir consistera à essayer d'avancer des allégations impossibles à vérifier selon la méthode normale, qui est de placer des hypothèses dans leur contexte historique pour voir si elles s'y adaptent. L'amorce de cette tactique apparaît dans l'article significatif de Gitta Sereny du New Statesman dont j'ai parlé plus haut. G. Sereny fait bien comprendre qu'elle préfère voir porter la discussion sur des endroits comme Belzec, Sobibor et Treblinka plutôt que sur Auschwitz.
Il y a pour cela de bonnes raisons. Voici comment s'exprime G. Sereny :
«Auschwitz […] comprenait à la fois d'immenses camps de travail et, à proximité, des installations d'extermination. Parce que tant de gens y ont survécu, Auschwitz nous a permis d'en savoir plus sur ce qui s'était réellement passé, mais en même temps cela a augmenté notre confusion quant aux deux types de camps.»
La distinction ici est bien fondée. Auschwitz était une immense exploitation multiforme, alors que les autres camps, dits d'extermination, étaient d'obscures installations qui ne fonctionnèrent que pour de brèves périodes de temps dans le but pratiquement exclusif de servir de camps de transit pour les juifs. C'est ainsi que nous possédons un grand nombre de renseignements sur Auschwitz mais beaucoup moins sur «les autres». Par exemple, il n'existe probablement pas de photographies aériennes «des autres» ; il n'y avait pas non plus, «dans les autres», de prisonniers de guerre en provenance de l'Ouest ; on n'employait pas non plus, «dans les autres», des centaines de simples civils ; les détenus qui se trouvaient «dans les autres» ne se retrouvaient pas en contact avec diverses personnes réparties sur un grand territoire ; la Croix-Rouge n'avait apparemment pas connaissance «des autres», et les convois de juifs d'Europe de l'Ouest qui arrivaient «dans les autres» étaient loin d'être aussi nombreux (il y a eu des convois de juifs hollandais sur Sobibor).
En conséquence, quand on doit, pour les besoins d'une discussion, laisser de côté les arguments d'ordre général qui vont à l'encontre de la thèse de l' «extermination», il est beaucoup plus facile de démolir la légende que l'on applique à Auschwitz que celle qui est appliquée à d'autres camps. C'est la vraie raison pour laquelle les défenseurs de la légende préfèrent discuter de Belzec, de Sobibor et de Treblinka. Nous possédons ici beaucoup moins d'éléments qui contredisent directement leurs prétendues «preuves», lesquelles consistent principalement en témoignages d'après-guerre. Ces témoignages d'après-guerre ont, pour la plupart, été produits devant des tribunaux allemands et, compte tenu des conditions judiciaires et politiques dans l'Allemagne actuelle, les révisionnistes ne peuvent absolument pas les examiner [57]. C'est clair et net.
Mais les défenseurs de la légende se retrouvent ici dans une position intenable. Ils ne peuvent lâcher Auschwitz sans tout lâcher, pour la raison qu'ils ne peuvent pas avancer, pour les autres camps, de preuves qui n'aient été déjà avancées pour Auschwitz. Si la «confession» du commandant d'Auschwitz Rudolf Höss relève de l'imaginaire [58], qui ira croire alors la «confession» du commandant de Treblinka Franz Stangl ? Si les histoires que nous racontent Rudolf Vrba et Miklos Nyiszli ne sont pas crédibles, et si leurs livres ne sont que de macabres plaisanteries, qui ira croire les histoires tout aussi macabres de Jankiel Wiernik et d'autres gens obscurs [59] ? Si le procès de Nuremberg et les procès allemands d'après-guerre n'ont pas établi la vérité sur Auschwitz, qui ira croire alors qu'ils ont établi la vérité sur Treblinka ? Si le très grand nombre de juifs qu'on dit avoir été envoyés à Auschwitz n'y ont pas été tués, qui ira croire alors que le très grand nombre de juifs envoyés à Treblinka ont été tués dans ce camp ? Par conséquent, le conseil que je donnerais à ceux qui se lanceraient dans la controverse est d'empêcher les tenants de la légende de se débarrasser de la question d'Auschwitz. Le fait est là : il est très facile de démolir la légende en traitant du cas d'Auschwitz et la démolition d'Auschwitz, à son tour, vu la nature des preuves fournies, entraîne la démolition du reste de la légende.
Les défenseurs de la légende ont aussi recours à un autre type d'argument. C'est celui qu'a récemment utilisé Hilberg dans l'importante interview que j'ai citée plus haut et que je recommande aux lecteurs désireux de se faire une juste idée de la ligne aujourd'hui adoptée [6] :
[…] les détracteurs [c'est-à-dire les révisionnistes] n'expliquent pas le simple fait suivant : que sont devenues les personnes qui ont été déportées ? La déportation n'était pas un secret. On l'a annoncée. On a déplacé plusieurs millions de personnes vers des destinations précises. Où sont ces gens ? Ils ne se cachent pas en Chine !
Il peut sembler incroyable que Hilberg tienne pareil propos à une époque où il ne se passe presque pas de jour que la presse ne nous révèle l'existence d'un juif jusque-là inconnu, qui a été déporté mais qui a survécu, à une époque où les événements du Moyen-Orient ne peuvent pas manquer de nous rappeler le grand exode des juifs quittant l'Europe après la guerre (et même pendant la guerre), et à une époque où les ouvrages révisionnistes rappellent comment se sont opérés les différents mouvements de population juive pendant et après la guerre [60]. Il ne semble pas qu'il soit difficile de savoir où sont les juifs. La première réaction du lecteur sera probablement de penser que Hilberg a été cité de façon inexacte.
Néanmoins, puisque Hilberg ne fournit pas de précisions, je vois deux manières d'interpréter ses propos. Il tient là un argument dont, comme d'habitude, la vraisemblance n'est qu'illusoire ; cela relève de la myopie : contexte et perspective sont ici perdus de vue.
Ce que Hilberg a probablement à l'esprit, c'est le fait suivant : tandis qu'on dispose d'une abondante documentation prouvant que les juifs étaient déportés vers les camps de Pologne, comme Auschwitz, Treblinka, etc., on ne dispose pas d'une documentation comparable prouvant qu'ils traversaient ces camps pour se rendre plus loin à l'Est. Du moins, je n'ai pas vu d'archives allemandes en ce sens. Je serais bien étonné d'en voir aujourd'hui. En admettant que la légende ait été fabriquée n'importe comment et à la va-vite, surtout parce qu'on souhaitait maintenir une certaine continuité avec la propagande du temps de la guerre, il n'empêche que les gens qui ont pris possession des documents allemands après la guerre et qui ont retenu les pièces déposées aux procès de Nuremberg, n'ont pas souffert de ces handicaps. Ils avaient tout loisir de procéder à des suppressions de documents.
Il faut, bien sûr, remarquer qui sont «les gens qui ont pris possession des documents allemands». Il y a plusieurs moyens de le préciser, soit à l'aide d'arguments historico-politiques, soit en prenant des exemples déterminés. Parmi ces derniers, j'aime à faire remarquer que le dénommé David Marcus qui fut le principal responsable de la politique d'occupation américaine en Allemagne pendant et tout de suite après la guerre, et qui dirigea le Service des Crimes de guerre à Washington en 1946-1947, est le même David Marcus qui allait commander les forces juives en Palestine pendant la première (1948) guerre contre les Arabes. Et tout est à l'avenant [61].
L'argument de Hilberg aurait quelque poids s'il s'agissait d'archives historiques vierges, mais ce qu'il dit en réalité (si je le comprends bien), c'est que nous devrions faire confiance aux architectes des procès de Nuremberg, et là il présuppose plus qu'il n'essaie de prouver (son argumentation, je suppose, se limiterait à dire que, dans le cas particulier, ces architectes avaient raison). Cette tentative pour faire à ce point abstraction du contexte défie la logique. Tout ce qu'on peut remarquer, c'est que les mystificateurs n'ont pas livré les documents qui révèleraient directement leur mystification.
Hilberg rétorquera peut-être qu'il n'est pas possible de supprimer ainsi tous les documents et qu'il serait resté des traces de la déportation des juifs plus à l'Est. C'est vrai ; d'ailleurs, ces traces et ces restes existent. Si c'est bien ce que veut dire Hilberg, alors il faudrait qu'il réponde à la question suivante : où sont les archives allemandes qui traitent des déportations vers Riga et de l'administration de cette colonie (et non du camp de concentration) près de Riga décrite par Jeanette Wolff dans son article du livre de Boehm ? Pour moi, je l'ignore. Je ne dis pas qu'on ne les verra pas apparaître un jour, mais je sais qu'on ne les a pas fournies à ceux qui cherchaient ce genre de documents lors des procès de Nuremberg [62] .
Il existe une seconde interprétation possible de la remarque de Hilberg. Bien que les chiffres qu'on donne pour la population juive d'après-guerre en Europe de l'Est n'aient pas grande valeur, il faut reconnaître que le nombre de juifs recensés dans la Pologne d'après-guerre n'est qu'une petite fraction du nombre considérable (peut-être 3 millions) de juifs vivant dans la Pologne d'avant-guerre (le territoire n'étant pas tout à fait le même). Je ne dis pas que nous devrions croire les chiffres de population qu'on nous présente. Mais la Pologne, contrairement à l'Union soviétique, n'est pas très grande, et des communautés juives aussi importantes ne passeraient pas inaperçues si elles étaient toujours là.
Par conséquent, si on fait abstraction de tout contexte historique, l'argument est simple : ils ne sont pas sur le territoire que nous appelons aujourd'hui la Pologne ; par conséquent, ils ont été tués. Pour qui a quelque teinture d'histoire, cette conclusion n'a guère plus de logique que le raisonnement qui consiste à dire : puisqu'il y avait plusieurs millions d'Allemands et de gens d'origine germanique vivant à l'Est de l'Oder-Neisse avant la guerre et qu'il n'y en a pour ainsi dire plus aujourd'hui, c'est qu'ils ont tous été tués. En réalité, cette période a connu des déplacements massifs de populations, et les juifs n'ont pas fait exception. Les Soviétiques en ont déporté un grand nombre vers l'intérieur de l'Union soviétique, et, dans la période qui a suivi la guerre, le déferlement des juifs polonais sur l'Allemagne de l'Ouest en vue de rejoindre les États-Unis, la Palestine ou d'autres destinations constitua un problème qui reçut une large publicité [63]
Je n'ai pas à ce jour beaucoup d'autres conseils à donner pour une poursuite de la controverse sur l' «Holocauste», et je ne peux prévoir tous les stratagèmes. Je ne peux même pas promettre que les cas de G. Sereny et de R. Hilberg que je viens de commenter seront caractéristiques du genre d'arguments que rencontrera le lecteur chez les tenants de la légende. Aujourd'hui encore, on rencontre des gens qui affirment que les troupes américaines et britanniques qui ont pris Belsen, Buchenwald et Dachau «ont vu cela de leurs propres yeux». Ils ont vu des cadavres et il a été assez facile de savoir, dès 1945, que ces morts étaient le résultat des pénuries entraînées par l'effondrement de l'Allemagne ; mais la confusion qui règne aujourd'hui est telle qu'on continue malgré tout à entendre cet argument.
Tout ce que je peux ajouter, c'est qu'il faut se tenir au courant des ouvrages révisionnistes ainsi que des ouvrages les plus importants qui cautionnent la légende et, dans la controverse, veiller avant tout à garder les yeux ouverts sur le contexte et la perspective historiques afin de ne pas tomber dans une vision myope de l'histoire.
Bibliographie
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Christopher Bush Coleman, Constantine the Great and Christianity, Columbia Univ. Press, NY, 1914.
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Walter Laqueur, The Terrible Secret, Little, Brown & Co., Boston, 1980.
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Wolfram Setz, Lorenzo Vallas Schrift gegen die Konstantinische Schenkung, Max Niemeyer Verlag, Tübingen, 1975.
Wilhelm Stäglich, Der Auschwitz Mythos, Grabert-Verlag, Tübingen, 1979.
- [1]
- The Journal of Historical Review, été 1980, p. 153 sqq. Le «Dr.» qui précède ma signature a été ajouté par la rédaction. Je ne signe jamais ainsi.
- [2]
- Los Angeles Herald Examiner (2 sept. 1979), E2.
- [3]
- Voy. la rencontre entre G. Sereny et P. Guillaume («Les bonnes intentions dont l'Enfer est pavé», A.H.R. n° 5, p. 189-190).
- [4]
- Voy. La Donation de Constantin, premier titre du pouvoir temporel des papes, où il est prouvé que cette donation n'a jamais existé et que l'acte attribué à Constantin est l'œuvre d'un faussaire , par Laurent Valla … Traduit en français pour la première fois et précédé d'une étude historique, par Alcide Bonneau, avec le texte latin, Paris, I. Liseux, 1879, XCVI-332 p. (Bibliothèque nationale, D 2 . 14309), NDLR .
- [5]
- Par exemple The Spotlight, 26 juillet 1982, 10 sqq.
- [6]
- Le Nouvel Observateur, 3-9 juillet 1982, 70, …
- [7]
- Chicago Tribune, 5 août 1982, section I, 5.
- [8]
- Par exemple, Butz, 75-86, 146 sqq.
- [9]
- Gilbert, 340.
- [10]
- Laqueur, 22-25.
- [11]
- Butz, 87 sqq., 92 sqq.
- [12]
- Bauer, 21 sqq.
- [13]
- Bauer, ch. 8.
- [14]
- Bauer, ch. 9, 246, 264, 272, 274, 333, 366 sqq., 371 sqq.
- [15]
- Laqueur, 4, 170 sqq., 188.
- [16]
- Gilbert, 31, 39 sqq., 44, 170.
- [17]
- Gilbert, 93 sqq. ; Laqueur, 231.
- [18]
- Laqueur, Annexe 5.
- [19]
- Washington Post, 28 oct. 1981, A1 ; Los Angeles Times, 29 oct. 1981, pt. I, 20.
- [20]
- Voy., par exemple, sa contribution à la brochure Dimensions of the Holocaust [Dimensions de l'Holocauste], Northwestern University Press, Evanston, 1977. Il s'agit du texte de la conférence donnée par Wiesel à l'Université Northwestern au printemps de 1977. A défaut, on peut se reporter à l'article qu'il a publié dans le Jewish Chronicle de Londres (4 nov. 1977).
- [21]
- Bauer, 264, 271, 274, 371 ; Gilbert, 121 ; Butz, 290.
- [22]
- Bauer, 56, 58 ; Butz, 109.
- [23]
- Gilbert, 204 sqq.
- [24]
- Bauer, 325 sqq. ; Gilbert, 121.
- [25]
- Dawidowicz (1975), XVII ; (1981), 125.
- [26]
- Gilbert, 143.
- [27]
- Bauer, 329-334.
- [28]
- Gilbert, 181.
- [29]
- Laqueur, 183-186 ; Bauer, 188-193, 403.
- [30]
- Butz, 77, 202 ; Laqueur, 68-72.
- [31]
- Laqueur, 121.
- [32]
- Gilbert, 325.
- [33]
- Butz, 89.
- [34]
- Gilbert, 337 sqq.
- [35]
- Gilbert, 267-273, 290, 299-311, 341.
- [36]
- Feingold, 9, 170 ; Laqueur, 94.
- [37]
- Laqueur, 3.
- [38]
- DuBois, 184, 188 ; Butz, 67.
- [39]
- Gilbert, 68, 95 sqq., 99.
- [40]
- Laqueur, 162.
- [41]
- Bauer, 229.
- [42]
- Laqueur, 83, 86 ;Gilbert, 150.
- [43]
- Iron Curtain Over America [Rideau de fer sur l'Amérique], disponible auprès de l'I.H.R.
- [44]
- Butz, 149 sqq. ; Gilbert, 231 sqq.
- [45]
- Dino A. Brugioni et Robert G. Poirier, «The Holocaust Revisited : a Retrospective Analysis of the Auschwitz-Birkenau Extermination Complex», probablement toujours disponible auprès de : Public Affairs Office, Central Intelligence Agency, Washington, D.C. 20505, U.S.A. [paru en français sous le titre «Une analyse rétrospective du complexe d'extermination “Auschwitz-Birkenau”», dans Le Monde Juif, janvier-mars 1980, 36e année, n° 97, p. 1-22].
- [46]
- Laqueur, 55-58.
- [47]
- Butz, annexe E ; Gilbert, 104 sqq.
- [48]
- Butz, 76, 133-145.
- [49]
- Gilbert, 129.
- [50]
- Bauer, 430 sqq.
- [51]
- Laqueur, 152.
- [52]
- Par ex. Butz, 205-212.
- [53]
- Butz, 101-108, 116, 120 sqq.
- [54]
- Butz, 194, 240 ; Laqueur, 18.
- [55]
- Laqueur, annexe 1. Les cas du journaliste politique Lemmer et de l'économiste Sommer, qui auraient communiqué à des contacts suisses des renseignements sur les exterminations, paraissent de peu d'importance. Lemmer n'avait rien à voir avec l'Abwehr et, comme le fait remarquer Laqueur, il n'y a rien dans son autobiographie qui montre qu'il aurait communiqué des informations à propos de l'extermination. Sommer était officier de liaison entre l'État-major général et l'Abwehr et il faisait aussi des voyages sur la Suisse pour des raisons commerciales. D'après Gilbert, p. 56 et suivantes, on peut penser que le rapprochement qui a été fait entre Sommer et un rapport datant de l'été 1942 où il est dit que «des camps sont en préparation pour que soient exterminés par le gaz tous les juifs d'Europe et une grande partie des prisonniers de guerre russes» a été revendiqué non par Sommer lui-même, qui est mort en 1965, mais par deux intermédiaires juifs. Il est aussi intéressant de noter que ni Lemmer ni Sommer ne semblent avoir été sérieusement impliqués dans l'opposition anti-hitlérienne ; tous deux ont survécu à la guerre.
- [56]
- Rothfels, 125-151.
- [57]
- En droit allemand, les dossiers d'un procès ne sont pas ouverts au public. Des exceptions sont accordées à ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont impliqués dans l'affaire, ou à des gens qu'on considère comme des chercheurs intéressés par certains aspects du procès. Le Dr. Wilhelm Stäglich, qui est un magistrat allemand à la retraite et auteur du livre Der Auschwitz Mythos (Le Mythe d'Auschwitz, La Vieille Taupe, Paris 1986), n'a pas obtenu l'autorisation de consulter les témoignages des procès. Voyez les pages 371 et suivantes de son livre. D'après une lettre adressée par le Dr. Hans de With, fonctionnaire du ministère de la Justice, à Die Realschule (octobre 1981), le professeur Robert Faurisson croit comprendre que, s'il met un pied en Allemagne de l'Ouest, il risquerait d'être arrêté et renvoyé en France.
- [58]
- Butz, chapitre 4. Pour la solution finale de la question de la «confession» de Höss, voy. l'article de Faurisson paru dans The Journal of Historical Review, vol. 1, n° 2 (été 1980), 103+ ; vol. 2, n° 4 (hiver 1981), 311+, 319+ [Voy. R. Faurisson, «Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz», Annales d'Histoire Révisionniste, n° 1, printemps 1987, p. 137-152, N.D.L.R.].
- [59]
- Donat.
- [60]
- Butz, chapitre 7.
- [61]
- Butz, 20-30.
- [62]
- Butz, 219 sqq.
- [63]
- Butz, 14-17, 217-239.
Bibliographic information about this document: Revue d'Histoire Révisionniste, n° 2, août-septembre-octobre 1990, p.87-137; intervention faite dans le cadre de la conférence de l'Institute for Historical Review en 1982
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